22 septembre 2023

Petits sarcasmes de la rentrée




BAISER VOLÉ



J’ignorais faire partie de ces ignobles machos réacs et beaufs méprisant la gent féminine. Maintenant je sais. Claude Askolovitch, la pleureuse bien-pensante de France Inter et de 28 mn sur Arte, m’a ouvert les yeux : à l’occasion d’une chronique atrabilaire contre un Woody Allen autrefois adoré, il dénonce l’effroyable attentat à la personne dont s’est rendu coupable un entraîneur hispanique (par ailleurs très vulgaire, en fait) en volant une bise sur une bouche. Ce n’est pas le seul : les journalistes des grands médias se sont gargarisés de cet événement considérable pendant des jours. Il faut croire qu’il n’y avait aucune autre nouvelle fondamentale, comme les centaines de mort(e)s en Iran ou en Afghanistan, le noble combat de ces femmes admirables, ou encore… l’erreur d’arbitrage du dernier match de foutchebôl, je sais pas ? 

Ils ont d’ailleurs remis ça avec la main aux fesses d’une journaliste (BFM TV) : l’Espagne est une fois encore à la pointe du combat, réjouissons-nous. 

Heureusement que le Maroc et la Lybie se décarcassent pour donner un peu le change et faire parler d’autre chose.

J’adore les journalistes.





LA VIE DES MOTS



Cahier d'écolière de 1909 (collection personnelle)


Les lingouistes atterrés.

Les lingouistes atterrés m’atterrent. Ils viennent de publier une sorte de manifeste depuis leur saussurienne olympe, non prescriptive mais un peu quand même : "Le français se porte bien, merci."


Le globiche

Ils disent : « l’anglais ne remplace pas le français, c’est la langue qui évolue ». 

Non rien : I’m laughin’. D’autant que les calculs sur la francophonie dans le monde sont contestés. D’ailleurs who cares ?

🤣🤣🤣


Revenons au mot spoiler, qui est la coqueluche des animateurs branchés, avec « divulgâcher », qui serait une invention so géniale !!!. Ils disent : spoiler c’est français parce que on a mis er à la fin, donc c’est francisé.  Ben oui, pourquoi pas?  Mais ils disent aussi qu’il n’y a pas d’équivalent. Heu ! Mais divulguer, déflorer, révéler, dévoiler, déflorer, c’est du poulet ? (sujet déjà amplement traité dans des chroniques précédentes)


Vous trouvez que je me répète ? Je viens de relire mes vieux posts : vous avez raison. J’ai l’impression que tout le monde passe sa vie à se répéter. J’ai l’impression que tout le monde passe sa vie à se répéter. J’ai l’impression que tout le monde passe sa vie à se répéter. N’est-il ?


Les ajouts

Ils disent : il faut considérer les langages sms, par exemple, ou les divers dialectes des « quartiers », comme des enrichissements. Là-dessus aucun souci, au contraire, il y a des inventions magnifiques ! Mais c’est précisément parce qu’ils sont inventifs, décalés, drôles et poétiques, qu’ils sont savoureux ! Si la norme que les Atterrés dénoncent par peur d’un académisme figé n’existe plus, ironie, jeux sur les mots, poésie, subtilités maîtrisées n’existent plus ! C’est un paradoxe utile.


Molière

Ils disent : « Le français, c’est pas la langue de Molière ». Mais qui prétend encore que ça l’est ? Beaucoup ne savent même pas qui c’est… 

Ils disent : « Faut pas croire que les soldats de 14-18 écrivaient un français parfait. Il y avait beaucoup de fautes. » Tout n’était pas parfait, c’est vrai, mais pour en avoir consulté pas mal dans divers ouvrages (on en trouve aussi plein sur la toile), pour avoir eu entre les mains des dizaines de cahiers de l’école primaire de la première moitié du XXe siècle, je crois pouvoir contester férocement ce point de vue. Le niveau était bien supérieur à celui d’aujourd’hui. Voir illustration.

Ils disent : « Vous êtes déclinistes ». Sous-texte : « C’est nous qu’on défend le joyeux progrès moderne, après tout on est scientifiques, pisqu’on est lingouistes ! » (et un peu dans l’air du temps dit progressiste, quand même ! Mais chuuuut !)


Ortograf

Ils disent : « la langue est vivante, mais l’orthographe est figée ». Ils défendent les rectifications de 1990. Hum. Tant qu’à faire, pourquoi pas une modification encore plus radicale : l’alphabet phonétique international, et qui plus est, peut être utilisé par plein de langues ! Plus de fautes ! On y gagnera en rationalité ce qu'on perdra en pittoresque, en histoire ou en poésie…

(


Vous trouvez que je me répète ? Je viens de relire mes vieux posts : vous avez raison. J’ai l’impression que tout le monde passe sa vie à se répéter. J’ai l’impression que tout le monde passe sa vie à se répéter. J’ai l’impression que tout le monde passe sa vie à se répéter. N’est-il ?


Genre

Ils disent : « quand on dit les promeneurs, on ne pense pas aux promeneuses. Ah bon ? Moi qui suis été à l’école et qu’avons appris la convention du genre masculin, je vois les deux. Et même les non-binaires, c’est vous dire ! ». Bravo pour la féminisation de certains mots (notamment de métiers), mais à mon tour je refuse, as a male, d’être appelé une personne ou une victime, etc. ! (pour les mal-comprenants : c’est un joke !)


Vous trouvez que… ?


Nos chers enfants

Ils disent : c’est trop difficile, il faut simplifier (au lieu d’encourager on baisse le niveau, c’est moins fatigant mais c’est en vogue). Oui, apprendre le français c’est difficile. Mais le solfège aussi. Doit-on pour autant supprimer les dièses et les bémols ?




PUBS


Dans mon petit cabas ce mois-ci :


Vu sur mon écran super hd :

Une vieille dame qui dit « je vais faire pipi dans ma culotte », (j’espère qu’on verra bientôt quelqu’un caguer pour de vrai sur un chiotte pour vendre du pq bio !)

Une pub pour les tampons Nana avec la vraie couleur du vrai sang, (miam enfin-la-vérité-vraie !), qui me rappelle que je n’ai plus mes règles depuis longtemps ;

Des vendeurs poltrons et mielleux de literie italienne qui terminent par Et oilà


Heureusement il y a les pubs Carglass, réjouissantes, avec le ton maladroit de leurs vrais-faux employés qui finit dans l’aigu, une trouvaille géniale et qui commence à faire école (croyez-moi je suis dans la partie !). 

Hélas, je n’ai plus assez de pare-brise (1) à remplacer (je n’arrive pas à croire qu’il y ait autant de gravier sur les routes ?). Mais heu ! faudrait d’abord que j’achète une voiture.



SPORT


Le foot féminin maintenant ! Le rugby sous toutes les coutures ! Le foutchebôl encore et toujours !

Je cherche une solution pour n’être surtout pas présent au moment des Jeux Olympiques. Outre le grand bin’s que ça va générer à Paris (qui n’en peut déjà plus), je suis assez imperméable au sport-spectacle, en vérité. Et dès que je vois « Parcours sportif » dans le bois de Vincennes, où je me promène souvent, je… pars en courant. Ce qui est d’ailleurs très bon pour ma santé !

Je sais que je suis minoritaire sur le sujet. D’ailleurs, je suis minoritaire.




PRIORITÉ AUX PIÉTONS ET AUX CYCLISTES


Quand j’avais vingt balais, je me faisais un point d’honneur à laisser en bagnole la priorité aux piétons. Maintenant, j’ai envie de les écraser : comme ils ont la priorité, ils se jettent sous les roues des autos !

L’autre jour, à St-Mandé, un bus entier s’est arrêté pour me laisser passer alors que je ne demandais rien ! Il pouvait bien y avoir 12 personnes dans le bus, ou 36. Le mec il a bloqué la circulation et retardé un groupe pour un quidam. Il y a des logiques qui m’échappent. 

Quant aux cyclistes, n’en parlons pas ! J’ai commis récemment l’imprudence d’emprunter avec mon vieux vélocipède un morceau de piste cyclable entre St-Paul et Bastille, vers 19 h, rue de Rivoli. J’ai cru mourir de stress !



US ET COUTUMES


Je t’aime

Je suis d’un milieu (et probablement d’une génération) où on ne passait guère son temps à dire je t’aime en se lichant la pomme à tout bout de champ (vous noterez une formulation légèrement surannée qui pourrait faire frémir nos pimpants perdreaux de l’année !). Moins de séries américaines sentimentales dans les lucarnes encore étranges, sans doute ?  Ce qui ne nous empêchait nullement de nous aimer. Enfin je crois ?


Surtourisme



La multi-Joconde




Ils sont tous reviendus !

Au musée du Louvre, on a visité récemment la belle expo Capodimonte (le musée de Naples). Cohue ! Recommandé aux fans des grandes surfaces à Noël ou encore du métro à cinq heures tous les jours ! Ou à dix-neuf heures… ou même toute la journée, maintenant ! Il faut dire que la galerie principale mène à la salle de la Joconde… celle qui permet de visionner Mona Lisa en mille exemplaires sur les écrans de smartphones ! La tendance est aux foules et à l’agrégation en tous lieux : terrasses, portes des boutiques de luxe et même dans les queues devant les boulangeries, même les plus ordinaires. Dans un vieux cours d’angliche de la BBC, j’avais dans un dialogue : The English love forming queues… We are becoming Britons comme des dingues !


Création en panne



Edition 2006


Edition 2006


Donc : le Festival en 2006…


… et aujourd'hui

J’ai visité, dans les années nonante et zéro, les premières éditions du Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire. C’était le plus souvent une merveille de créativité, une explosion d’inventions magnifiques. C’est devenu depuis quelques années une collection assez banale de jardins de grand-mères (2), qui peut contenter les familles mais qui ne mérite vraiment plus le voyage ! Autant visiter le square du coin… Il faut dire que le thème soporifique bien pensant de cette année, par exemple, « le jardin résilient » n’est guère stimulant !

Ah ! Il y a tout de même encore quelques belles œuvres contemporaines exposées autour. Et le château. Et le cadre sublime. 

Mais je vous conseille plutôt une balade en montgolfière au-dessus de la Loire…




Shrinkflation

Shrinkflation, ça vous a quand même une autre gueule que Arnaque à la quantité, non ? Et puis ça permet à Nos-médias de se gargariser d’un concept up-to-date, n’est-il ?

Ça fait un bail que j’avais repéré l’astuce et que je regarde toujours le prix au kilo, obligatoire sur les étiquettes. 

A propos, je suis passé avant-hier au marché d’Aligre. Pour quelques euros, je suis revenu avec un cabas plein de légumes. C’était pas du bio, pour une fois, mais de toutes façons j’ai du mal à me déshabituer des ajouts chimiques ! J’ai même acheté une liquette chic à 12 €.

Il y a des marchés partout — tous ne sont pas moins chers que les grandes surfaces, mais si tu revends ton iPhone 32 et tes Air Force 1 tu pourras acheter des sardines, du maquereau, des carottes, des patates, des pommes, du riz et du poulet ! Et naturellement boycotter le plus possible les produits transformés bourrés de saloperies !

La conso responsable, ça s’apprend !


L’AVENIR EST DEVANT NOUS

(À CONDITION DE NE PAS SE RETOURNER, COMME DISAIT PIERRE DAC)


L’intelligence artificielle avance à grands pas. Avec pour l’instant son cortège d’algorithmes prudents et formatés… Mais cette invention considérable risque de bouleverser quantité de pratiques et de métiers ! Plutôt que de pleurer sur les chômeurs à venir, comment ne pas considérer que l’IA peut remettre en question fondamentalement nos façons de vivre ? Si cette robotisation nous délivre enfin des tâches fastidieuses, répétitives ou inutiles (journaliste au JT de France 2 ou sur Cnews, classeur de bigornos, compteur de pustules), joie joie pleurs de joie (comme disait Pascal, qui inventa la calculette) ! On pourra siffloter dans les prairies, dessiner pour le plaisir des arbres à cames ou des bielles de locomotives à vapeur, mijoter des mirotons et même soulever de la fonte dans les salles de torture pour culturistes masos ! Vive la chaise longue ou l’ascension du Monte Cinto en Corse (2706 m : je l’ai fait sans problème sur internet)… Après tout, le pilotage et la sécurité de nos avions sont déjà en grande partie automatiques !

En revanche, ne dites rien à mes congénères comédiens-voix qui flippent leur race en voyant le métier fondre comme neurones chez Sandrine Rousseau. Le combat est quasi perdu, hélas !

Et il faut bien constater qu’on trouve par exemple de moins en moins de fabricants de carosses, d’arbalétriers et d’allumeurs de réverbères.

Pareil pour les berlingiers, boisarts, jagots et ménétriers.


Mais le débat est ouvert, chers faux lovers !


POST-SCRIPTUM


Je viens de tenter une grande balade dans Paris. Même en scooter, je suis au bord de la crise de nerfs, j’ai envie de cramer l’Hôtel de Ville et de découper en rondelles les bureaucrates sadiques et merdeux qui ont dessiné ces gymkhanas imbéciles. Je vous raconte la prochaine fois ! 


Portez-vous bien !


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(1) : nouvelle ortograf 1990 : des pare-brises.

(2) : Nouvelle orthographe : avec deux s
















23 mai 2023

Un peu de culture ne messied point



Ce gouvernement a, sur la question de la culture, des pudeurs de jeune vierge. Dans son avant-dernière allocution, notre cher Président (que le dieu des Affaires l’ait en sa sainte garde !) évoquant l’Education nationale, je l’ai entendu causer de français, de mathématiques, de sport, mais d’histoire, de littérature, de beaux-arts, de musique, point. Petit oubli sans importance ; car je suis là pour rattraper le morcif. Car un peu de culture ne messied point. 


Zao Wu Ki au M.A.M



Littéra-courte

Il y a quelque mois déjà, j’ai voulu m’attaquer à une béance maousse de ma culture : je n’avais jamais lu Les Misérables dans le texte. 

J’achète donc un « petit classique Larousse » intitulé « Les Misérables ». Cinq tomes en 448 pages, me dis-je, ça doit être écrit tout petit : ils sont forts, chez Larousse.

Et c’est ainsi que je découvris un procédé que je m’en veux de n’avoir pas découvert depuis longtemps : le résumé, le digest comme on dit en Amerloquie ! Les Misérables au citrate de bétaïne, en quelque sorte ! C’est très bien fait, on n’a pas de sentiment de faim… En plus y a des images ! Pour en causer dans les soirées après le dernier Musso, c’est parfait ! Si j’avais su ! Expérience à recommander aux jeunes (quoique déjà, au delà de 44 pages…) ! 

Dès demain, j’attaque Les Thibault et la Bible. En digests, bien sûr. Ou en lecture diagonale ? Car comme disait Woody Allen : « J’ai suivi un cours de lecture rapide. J’ai lu Guerre et Paix en vingt minutes : ça parle de la Russie. »



Derain au M.A.M


Studio Art court ?

Avez-vous remarqué que les rares émissions sur l’art à la télévision-pas-sur-internet sont reléguées à la portion congrue (j’aime cette expression sortie — le saviez-vous ? — de la jupe des curés) ? Vite ! Vite !

Moins de deux minutes pour d’Art d’Art !, remplacée ensuite par Oh ! Biz’Art sur France 2. J’espère qu’ils ont déposé à l’INPI ces calembours à la glycérine pour faire passer, impayables.

Autre jeu de mot osé chez France 5, mais pour des formats plus longs : Aux arts et cætera, dont on ne comprend guère le rapport avec Gainsbourg, mais bon. Gainsb’art ?

Après tout on s’en fout on a internet. Une mine d’art (oh, ça va !)



Mieux vaut Tàr…

Avec une amie, j’eus la tentation étrange d’aller voir Avatar 2. Las ! Au bout de 45 mn, fatigués de bruit, de fureur guerrière ainsi que de sentimentalité niaiseuse, nous quittâmes le film et nous rabattîmes sur une salle voisine où se jouait un film improbable mais au titre très raccord : Tàr, d’un certain Todd Field. Un film austère et très désarmant dans la forme sur le milieu de la musique classique, avec dans le rôle-titre une Cate Blanchett proprement impériale. Enjeux artistiques, enjeux de pouvoirs, culture woke, vrai et pseudo féminisme, rôle des réseaux sociaux, tics et tocs, gloire et déchéance d’une cheffe au Philharmonique de Berlin : passionnant ! Et même si la musique classique vous touche une oreille sans faire bouger l’autre, je vous le recommande chaleureusement !




Zao Wu Ki avec gardien endormi au M.A.M


Le centre Pompidou… 

va fermer pour cinq ans : tant mieux ! Je ne comprenais plus leurs sélection des œuvres, du moins dans l’expo permanente, depuis quelques années ! On pourra toujours se reporter au Musée d’Art moderne de l’Avenue-du-Président-Wilson, à redécouvrir, où je viens de retourner avec délice, à Guimet ou au musée Picasso !



Le couronnement du roi d’Angleterre

Pas le dernier, celui de Georges VI, en 1937 ! Henri Cartier-Bresson avait couvert l’événement, mais à sa façon, en retournant son Leica vers les spectateurs. Et c’est un régal (humour, maîtrise remarquable de la composition, comme d’hab) ! Jusqu’au 3 septembre à la Fondation Cartier-Bresson. On pourra se passer en revanche de l’autre expo, frime tendance et creuse. C’est bête parce qu’elle est sponsorisée par Hermès et que je m’habille avec Bel Ami, une de ses eaux de toilette…


LA VIE DES MOTS


Eh ! Mots et camé(e)s 

Du côté des radios, on se gargarise beaucoup avec la nouvelle trouvaille géniale pour éviter l’anglicisme spoiler. J’ignore d’ailleurs pourquoi, au jour où la moindre marque (brand) ou slogan est en angliche !

On a inventé « divulgâcher », que d’aucuns considèrent comme ‘achement bien trouvé. J’en ai déjà parlé ici. 

Il faut croire que la langue française (ce patois autrefois parlé par les Hexagoniens puis méthodiquement ignoré) est restée coincée au fond de poussiéreux glossaires, car il me semblait à moi que dévoiler, révéler, déflorer, éventer, découvrir eussent, chacun avec ses nuances, pu tranquillement faire l’affaire. Sans compter tout simplement divulguer, qui veut exactement dire la même chose que ce divulgâcher inutilement redondant. Je dis ça, je dis rien (justement).



Petite dissertation vite fait sur le pouce

Je me demande si la tendance actuelle à châtier le lexique sous des prétextes divers (souvent militants ou réflexes) ne procéderait point de la même ignorance des subtilités de la langue. Le celles z’et ceux en est un exemple caricatural, mais on peut y accoler droit humains pour droits de l’Homme, indigènes remplacé par locaux (qui veut dire la même chose), nègre bien sûr (malgré Senghor), etc. Quand j’étais ado, je me souviens qu’il était assez bien vu de remplacer le mot Juif par… Israélite, comme on a dit plus tard Black, pour éviter Noir (qui est revenu naturellement de lui-même). Ces précautions dénotaient d’ailleurs plus le malaise ou la suspiscion du locuteur qu’autre chose ! 

La langue est imprégnée de la morale du temps, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ainsi que le démontre cette ânerie d’écriture dite inclusive, pour tous ceux qui croient que changer les mots va purifier le monde ! Or, comme le rappelle la philosophe Julia de Funès (d’après la phrase attribuée à Spinoza, lis-je), ce n’est pas le mot chien qui aboie ! Tout le monde n’est pas d’accord, mais si les mots ont effectivement une influence, pourquoi ne pas commencer par apprendre ce que parler veut dire ? Et là, j’avoue que je bute sur cette bizarrerie plusieurs fois évoquée ici, qui fait que toute référence à une norme quelconque en matière de langage est maintenant suspectée, au nom du refus (compréhensible) d’un académisme figé. Du coup (comme mes professeurs de français m’auraient interdit de dire !), les dictionnaires désormais courent après l’air du temps. Résultat, on est dans le mou, la mode, l’incertain. Comment sortir de la norme s’il n’y a plus de norme ? Comment ironiser, jouer l’ambiguïté, poétiser ? Comment tout simplement être précis ?

Un exemple qui m’a fait sourire, hier dans le poste (j’adore cette expression qui a désorienté mon petit-fils l’autre jour !) j’ai ouï un journaliste qui interrogeait Guillaume Canet : 

— Comment appréhendez-vous ce premier regard du public… [etc.] ?

GC : — Ce n’est pas vraiment une appréhension, c’est plutôt une impatience…  [etc.] 

Méprise sur une nuance du terme appréhender qui a dû passer aux oubliettes chez cet artiste, à qui on ne demande pas après tout d’être grammairien ! Et puis il était encore très tôt dans la journée…



Laurent vaut quoi ?

On n'en avait pas beaucoup entendu parler, de notre chère ministre de la culture. J'apprends qu'elle vient de dévoiler un plan de soutien de 350 millions au cinéma (studios, formation, etc.). Bravo. Faudra en parler à M. Wauquier Laurent qui, en région AURA (si si ! cette "région" si cohérente qui agglutine l'Auvergne, le Rhône et les Alpes !) taillade joyeusement dans les subventions et redistribue les sucettes au gré de ses lubies…





Soutine au M.A.M







Rions un peu :

Qu’est-ce qu’un canif ?

Solution :

Un petit fien.