21 mars 2020

Vous êtes inquiet ?

"Vous êtes inquiet ?"

C'est la question fondamentale que la journaliste (formatée) de service posait aujourd'hui au journal de 13 h sur FR 2, au Président des "Directeurs au Service des Personnes âgées". Non pas "Comment résoudre le problème" ou "Comment analysez-vous cette question ?", non ! "Vous êtes inquiet ?"
Très intelligemment, l'interrogé a précisé qu'il n'était pas là pour parler de ses états d'âme (qu'il garde pour ses amis)…
Voilà qui est parfaitement symptomatique de l'époque des nounours, des bougies, des marches blanches et des hommages émus. On ne pense pas, on ressent. On ne résout plus un problème, mais un "souci". 
Exemple : je suis sympa, j'ai bien voulu applaudir au balcon le travail des soignants le premier jour. J'ai donc applaudi. Mais je me suis demandé combien d'applaudisseurs étaient descendus ces derniers mois dans la rue pour défendre le statut de ceux-ci et réclamer des conditons décentes de travail, de personnel et de salaire pour les agents des hôpitaux, malmenés depuis des lustres… C'est mon vieux côté sextante-huit, mais je suis fatigué des colibris et des nounours !

Dansons la quarantaine

Nous avons fait un bond lexical immense, en appelant "confinement" une disposition que l'Histoire nous avait léguée sous le nom de "quarantaine" (en italien : quarantena)… Tout fout le camp, je vous dis !


31 226 morts, une paille

31 226 morts, c'est le nombre de victimes, rien qu'en France, de la "grippe de Hong Kong" qui a sévi entre 1968 et 1970. 1 million de morts dans le monde. 
Dans l'indifférence générale. D'ailleurs je ne m'en souviens pas du tout. 

On était moins chochottes, dans ce temps-là…
Sources :

Petit précis de com gouvernementale en cas de virus

Ne dites pas (20 janvier) 
"Fichtre, ça craint, on 'a rien prévu pour le voyage du virus"
Dites :
"On a mis des affiches dans les aéroports" 
(Agnès Buzyn, médecin et femme politique amateur)

Ne dites pas (26 février)
"Tant pis pour les risques, on va pas démoraliser les supporteurs"
Dites :
"Turin c'est pas Milan, Bienvenue aux 3 000 tifosi italiens, et j'y serai !" 
(Gérard Collomb, maire de Lyon, un peu hésitant cependant)

Ne dites pas (comme depuis des mois) :
"Damned, les services de santé sont déborded"
Dites :
"Circulez, les personnels, soyez pas mal polis et remettez votre blouse"

Ne dites pas :
"Flûte, on n'a pas anticipé, on n'a pas de masques"
Dites :
"Les masques, mes amis, ça ne sert à rien !" (malgré l'exemple chinois)
Et donc :
"Mais ces gens-là n'ont pas la même culture"

Ne dites pas :
"Nom d'une cigarette électronique, c'est trop compliqué !"
Dites :
"Pareil pour les tests : ça ne sert à rien d'avoir un comptage exhaustif" (malgré les résultats de la Corée du Sud)
ou encore :
"Ces Asiatiques sont vraiment bizarres"

Ne dites pas :
"Sacrebleu, on ne va pas sacrifier les élections"
Dites :
"Ça craint pô si vous vous lavez bien les mains"

Ne dites pas :
"C'est pas facile pour la maréchaussée d'attraper les trois connards qui suivent pas les consignes"
Dites :
"On ferme des milliers de kilomètres carrés de nature"

Voilà. Résultat : on se morfond devant ses surgelés en regardant Cyril Hanouna.
Non, je déconne.

Ours bipolaire.


C'est le printemps

Paris sent bon, ces jours-ci. Comme aux printemps anciens. 
Grâce au "confinement", il paraît, d'après France Inter, que les gens s'interrogeraient sur le sens de leur vie. Si si !
Je dois être un génie, moi : en voyant mes parents partir au chagrin tous les jours, j'ai commencé ce questionnement à 11 ans et demi !

Portez-vous bien et je vous en supplie, arrêtez le pangolin et la chauve-souris.

Je vous encoude,

L'Ami dévot







06 mars 2020

La bistouquette à Benjamin



Vous reprendrez bien un peu de pangolin ?
Révolution
Plus de bisous, plus de chou farci, plus de tourisme, plus d’argent…
Si l’on m’avait dit que ce ne serait pas la mobilisation des masses pour un juste combat égalitaire, ou encore je ne sais quel tremblement financier mondial, qui saperait les bases de tout notre système social et économique,
… mais un tout petit virus à la con de quelques millionièmes de millimètres !!! (même si dans l’oreillette, on me signale que le corona — sans doute à cause du houblon — est un des plus gros virus…)

Quota, toi ?
Atterré par les propos racialistes de la dame qui a compté les personnes noires dans le public de la Cérémonie des Césars. Et puis quoi encore ? Les Jaunes ? Les Chaudronniers ? Les courts-en patte ? Y a-t-il assez de Wallons homosexuels représentatifs en Chine ?

« Le monde est foutu : 
la religion revient à la mode. »
 Une citation de ce vieux râleur un peu réac mais marrant, mort en 1956 et admiré, étant jeune, par Pierre Perret. J’ai peur hélas que cette saillie soit plus que jamais d’actualité. On n’a jamais vu autant de curetons de toutes obédiences, jamais autant entendu de ligues de Vertu — en réalité inspirés des anglicans et des campus étazuniens — depuis longtemps ! 

La quéquette à Benjamin
Les journaleux (que les dieux de l’éthique et de la responsabilité les tiennent en leur sainte garde !) ont quand même réussi à nous faire pleurer pendant une semaine sur la mort d’un basketteur inconnu et quatre semaines sur… sur… 
la bite à Griveaux ! (ici, les médias ont été bien aidés par le premier concerné lui-même !)
Griveaux, ça ne vous dit rien ? Mais si ! ce mec au parler doucereux qui voulait mettre la gare de l’Est à la place de la gare de Lyon et l’Opéra de Paris au-dessus de Notre-Dame… Christophe Barbier, qui est à la page, avait dit dans le poste que ce mec n’avait pas su contrôler son « hubris ». Moi c’est pas comme ça que je l’appelle…

Prouts et foufounes
Faut croire que pendant que je regardais ailleurs, quelque chose a dû changer au royaume de l’humour et de la finesse.
« Chatte qui pue »(1), couilles, bites, prouts et pipi caca, , — j’en passe et des pires —: chroniqueurs hilares. J’ai vu ça, entre autres, chez l’Hanouna l’autre soir.
Le plus consternant, c’était pas les gros mots — on en a entendu d’autres ! — mais que seule, l’énonciation desdits gros mots semblât être drôle en soi. Pasque à une exception près, toutes les histoires supposées marrantes étaient d’une consternante platitude. Enfin ce que j'en ai vu pendant cinq minutes...
Le monde avance. (Et le comique troupier est éternel).

(1) : authentique ! Nom de l'émission : La Grosse rigolade.

On pourra utilement se reporter à une mienne ancienne chronique de 2007 : PETS ET CONTREPETS, déjà à l’avant-garde.

« Toutes les femmes écrivent. 
On ne trouve même plus de femme de ménage ! » 
(Paul Léautaud)
Je dois bien reconnaître que les nouvelles féministes commencent à faire monter en moi certains relents de misogynie pas piqués des vers. C’est injuste. Pardon maman, et pardon à toutes les femmes que j’admire. 
Je ne parle pas, naturellement, des excellentes Caroline de Haas, Iris Bray et Adèle Haineuse dont je suis, comme vous le savez, secrètement amoureux.

Pour les Parisiens
Rions un peu :
5 raisons pour voter Hidalgo (ou pas) :

1. Parce qu’elle décongestionne la circulation parisienne…


Paris 12e : le bois de Vincennes, entre Porte Dorée et le Château, chaque jour
Les grands boulevards, joliment étroitisés pour les autos façon sentier de randonnée,
un vendredi à 23 h entre République et Bastille

Ici c’était trop fluide : urgence tout boucher !

Ici, l’avenue Foch, dans le XVIe (140 m de large) scandaleusement laissée à l'abandon,
sans voies de stationnement, sans pistes bus, sans bornes en relief. Juste des arbres. Pouah.
2. Parce qu’elle végétalise à tour de bras…



Le béton qui coule à flot, c’est pas vert, ça ?

Ici, une nouvelle emprise sur le parc de Bercy !
Accor Arena — propriété du Qatar — s’approprie régulièrement
une grande partie du parc, pour le bien de tous

3. Parce qu’elle enjolive Paris rendu aux piétons…

Superbe installation très-contemporaine place du Panthéon…

Place de la Nation grandement enjolivée  : jolis bouchons de voitures pour avoir le temps d’admirer, macadam beigeasse pour piétons heureux, superbe statue de Dalou devenue très discrète… ; Place de la Bastille transformée en échangeur génial entre bus, piétons, cyclistes et trottinettes… Allez, encore un petit effort : la place de la Concorde et la place Dauphine ne demandent qu’à devenir, elles aussi, des squares style jardin de grand-mères ou des échangeurs…

La pub sur les chantiers, ça fait beau.

4. Parce qu’elle favorise les transports en commun…

Les voies de bus sont vides,
comme les autoroutes à vélo 
(ça change un peu depuis les grèves), chouette !
Y a des médisants qui disent que l’air du métro serait 30 fois plus pollué qu’en surface,
alors qu’on fait tout pour eux !
5. Parce que Paris n’a jamais été aussi beau…
Les rats jolis et nombreux sont heureusement défendus
par une secte d'ado(rat)eurs…
Bon, je rigole, je rigole. Mais voter pour qui à Paris ?

Viens danser le twist
Dans mon quartier, la Mairie de Paris hésitait, j'en suis sûr, sur le nouveau nom à adopter pour une esplanade. Entre Shakespeare, Molière, Montaigne ou Pascal, sans doute. Ils ont opté pour un exilé fiscal célèbre, du nom de Johnny Hallyday. 
Yeeeh… 

Culture
Si vous avez loupé les superbes expos de Bacon, Degas, Mondrian, Toulouse-Lautrec, c’est trop tard ; m’enfin, je peux pas rester derrière vous toute la journée, non plus !

Devinez de qui est ce lièvre ?





A nos chers disparus

"Docteur Ventouse, bobologue", de C. Bretécher, 1997
Et puis parler, à l'occasion de la mort de l’immense Claire Bretécher, de ces génies du dessin d’antan (Sempé, Reiser, Cardon— heureusement encore parmi nous—, Topor,…) dont on trouve assez peu d’équivalents aujourd’hui dans la presse (sauf dans les publications pour enfants et parfois la bd)…
Voilà, c'est fait.
Un vieux Reiser, du temps où le féminisme, c’était rigolo

Disposition essentielle
Quand je serai président du monde, j’obligerai les fabricants de téléphones intelligents à les équiper d’une petite dragonne, comme la moindre paire de jumelles. C’est quand même pas compliqué, non, les grands progrès de l’humanité ?


Mila
Mila, la nouvelle idole de la liberté d'expression, se déclare "lesbienne". Elle a seize ans, personne ne lui demande rien, mais elle sait déjà qu'elle est "lesbienne". Les temps changent, que moi je dis.

Were you there when they crucified My Song
Moi, quand je veux me marrer, je regarde les « 300 chœurs » sur FR 3, avec des chanteurs en chemise de nuit qui se trémoussent pour faire comme les religieux des gospels.

Noël
Alors ça, si c’est pas un marqueur fort de notre sacrée société : remarquez le nombre de films où le jour de Noël est évoqué. Je n’ai pas fait de pointage, mais ça ne m’étonnerait pas que Noël apparaisse dans près d’un film sur deux. Et ce, depuis bien longtemps. Qu'en dites-vous, chers suiveurs adorés ?

Et, comme je l’ai entendu à la télé :


« Plus personne n’est comme tout le monde. »