30 décembre 2009

La Jolie Mie des Gentils Veaux





Vive le service public

Je ne sais pas ce qu'il leur prend, à France-télévisions, ces temps-ci, mais voilà qu'ils se mettent à contrarier mon indécrottable atrabile. Même en praïm' taïme, je suis tombé sur de bien belles choses ; je rêve, ou je deviens vieux ? Pour sûr, ce blogue va tourner "La Jolie Mie des Gentils Veaux" si je me mets à lancer des fleurs à Patrick de Carolis et consorts. Il en va même jusqu'à la bienheureuse suppression de la pub (la seule décision positive de Sarko à ce jour ; il est vrai que c'était pour emmerder les socialistes et favoriser ses amis). Bien sûr, vous l'aurez remarqué, elle revient par la fenêtre à coups de partenariats ou en lousdé. Hier soir j'ai vu Steevie chanter les bienfaits des macarons Ladurée au détour d'une chansonnette ! On rêve !
C'est bien fait pour moi, j'avais qu'à pas zapper sur le divertissement très fin du comique-troupier Ruquier, entouré de l'hystérique Maureen Dor, du gros malin Bénichou, de la pas vulgaire du tout Christine Bravo et de l'intello cité plus haut… Je vous jure que je n'y ai pas passé plus de trois minutes, y avait rin, j'allais pas quand même regarder sur la 3 les petits chanteurs à la croix de guimauve qui chantaient du Barbelivien !!! J'ai vaqué à d'autres occupations.

Qu'est-ce que je disais ? Ah oui, que je suis plus du tout négatif sur la télévision française et que je vais devenir gentil.

Seconde guerre

J'ai vu Apocalypse, un modèle de bonne vulgarisation historique, et j'ai pu réviser ma seconde guerre mondiale en couleurs (quand on dit "seconde", en général, c'est quand y en a pas d'autre prévue, non ?)

Souffrance au travail

J'ai vu La Mise à mort du travail, deux docus incontournables signés Jean-Robert Viallet. J'ai eu peur.
Maladies du travail, flips, harcèlement au nom de la rentabilité… Pas nouveau, certes.
J'y ai appris qu'après le fordisme et le taylorisme, on avait inventé le "toyotisme", inspiré du modèle de Toyota des années 70. Entre autres : non seulement l'ouvrier doit augmenter sa productivité, mais il est co-responsable de toute amélioration de celle-ci — par exemple en réduisant les "temps morts". En d'autres termes, il devient co-responsable de sa propre exploitation. On y gagne en efficacité, mais qui sait si les "temps morts" ne permettaient pas de respirer et de se reconstituer un peu ? Inutile de préciser que les gains de productivité ne serviront pas forcément à augmenter son salaire, mais pourront rendre possible la réduction des effectifs.
Chez Carglass, multinationale du bout de verre, on ne parle pas de toyotisme, mais de "l'attente client". Et à coups de séminaires débiles pour les cadres ("Nous sommes les meilleurs !!") on stimule l'esprit d'équipe. La gagne. C'est dans l'air du temps, il faut é-li-mi-ner. Dans le documentaire, on voit un chef de centre se décarcasser 12 h par jour pour faire tourner efficacement sa boutique en attendant (vainement) le soutien de la maison-mère. Epuisé, il finit par jeter l'éponge… Carglass répare (les pare-brise), Carglass remplace (les gens ?)…
Chez Fenwick, deux consultants à tête bizarre appliquent les principes de l'Excellence, la tocade de tous les gourous du management dans le monde, depuis que Mac Kinsey leur a montré la voie. Et là — ne riez pas — ils cherchent le Vrai : Thomas d'Aquin, viens m'aider à caser mon chariot-élévateur, faut que je rembourse le fonds d'investissement.
Tout le monde transpire. Faut assurer, les gars. Si ça ne marche pas, ce ne peut être que ta faute, cadre ou technicien.
On va finir par regretter le bon vieux temps des méchants patrons et des petits chefs autoritaires : au moins la hargne trouvait à s'extérioriser ! Aujourd'hui c'est à soi-même qu'on doit s'en prendre ! De quoi devenir fou ou sauter par la fenêtre (c'est très en vogue, paraît-il).

Si vous voulez en savoir plus sur le toyotisme, jetez un œil ici sur le site d'un syndicat belge.


Banques et banquiers

Justement, tiens : gazettes, téhessèfe et plates lucarnes nous ont inondés récemment de questionnements divers et variés sur banques et banquiers : les frais sont-ils trop lourds, la concurrence est-elle réelle, les bonus sont-ils bonnards, la crise est-elle déjà derrière nous ? Etc.
Le divertissement lui-même s'invite à la discussion ("A.D.A.", théâtre en direct un samedi avec Boujenah sur la 2)

Jusqu'au débat l'autre soir sur Arte plaisamment intitulé : "Les banquiers sont-ils des voleurs ?"
J'avoue que pour ma part je ne m'étais jamais posé la question, car il m'avait toujours semblé qu'elle constituait une inutile tautologie…
A entendre les débatteurs, experts et spéculateurs eux-mêmes, les oneilles me tombirent. Car, au sujet de la crise actuelle, que défendaient-ils en effet ? Que — d'une part — les gouvernements n'avaient pas fait preuve d'une assez grande fermeté : mais que — d'autre part —, si la pression sur la bourse de Londres avait été trop forte, les trêdeurs eussent sans vergogne reporté leurs activités sous des cieux plus favorables et moins regardants (du côté de l'Asie notamment).
Ailleurs, j'entends effaré que les engagements étatiques sont tels qu'ils ne permettent plus aucune marge de manœuvre en cas de nouveau pépin…
Arrgh !!
La bonne nouvelle, c'est qu'on sable le champagne pour fêter les excellents résultats récents des banques ; la mauvaise, c'est que selon l'OFCE, on supprime 646 000 emplois dans le privé et 34 000 dans le public en 2009.

Alors que faire, fidèle lecteur vitello-micien ?

Si j'ai bien compris, au moment de la crise commencée en 1929, le rapatriement des capitaux américains d'Allemagne (où ils étaient fort utiles au redressement) auraient contaminé ce pays et fort contribué, du coup, à la montée du nazisme ?
Si j'ai bien compris, en dépit du "New deal" de Roosevelt, une nouvelle récession a eu lieu en 1937 et seule, la politique de réarmement à grande échelle des Etats-Unis à partir de 1939 a réellement mis fin à la crise économique ?
Dois-je en conclure que, comme disaient nos grand-mères, IL NOUS FAUDRAIT UNE BONNE GUERRE ? Plaisante perspective, ma foi.

"Il est plus facile pour un chameau…

… de passer par le chas d'une aiguille que pour les riches d'aller au paradis." (Marc, 10, 25). C'est bien l'avis des prêtres interrogés par Michael Moore, (Capitalism, a love story) qui ont du mal à rendre conciliables le capitalisme et la foi chrétienne. Un discours qui devrait parler aux grenouilles étazuniennes… Ce système vire les pauvres de leur maison ; il élimine les faibles ; il se fonde sur une hiérarchie pyramidale ; il puise dans la poche des contribuables (ah ! le récit de l'aide publique votée au Congrès !). Michael Moore signe une fois de plus un film militant, mais plutôt serré et moins caricatural que d'autres de ses créations. Drôle, encore. Et il nous rappelle que de 1941 à 1964 le taux d'imposition supérieur des USA atteignait 90 %, ce qui n'empêchait pas les riches de vivre goulûment. Un article de Libé ajoute que jusqu'en 80 il était encore d'environ de 70 %… Son astuce, à notre sale gauchiste rétrograde, c'est qu'il n'y oppose pas un quelconque "socialisme" ou je ne sais quel délire de partageux inconséquent, non, il demande simplement… la démocratie !



Ciné-club

Et dans ma lucarne même pas plate, j'ai encore vu ou revu le superbe Monsieur Klein de Joseph Losey, A bout de souffle, impertinent de jeunesse, Revue (des archives soviétiques) sur Arte, du cinéaste ukrainien Sergueï Loznitsa, L'Affaire Courjault, qui a fait des arcs électriques dans mes neurones, Pot-Bouille, un vieux Duvivier virevoltant, Et encore Poussières d'étoiles, je ne sais plus où ni quand, je vous en passe et des meilleures.


Et sinon, monsieur Colbart ?

Brueghel, Memling, Van Eyck… au musée Jacquemart-André, Le Titien, Tintoret et autres peintres de Venise au Louvre, Soulages (qui a mis du temps à démarrer) à Pompidou (il faut voir la vidéo passionnante)… Une fraîche et poétique expo à la cinémathèque : La lanterne magique. Il y a des plaques de verre peint sublimes.

Un film moyen de Christophe Honoré (Non ma fille…) où l'héroïne, même Mastroianniesque, est agaçante dès le début. Belle scène bretonne au milieu mais qui n'a rien à voir.

Un Homme à la tête de chou qui fait plop (Gallota - Bashung) : pas sensuel, pas inventif, banal.

Un Resnais un peu bizarre, toujours élégant mais qui laisse rêveur, Les herbes folles : un peu vain, tout ça, pour une fois.

Il faut terminer sur une note positive, dans la Jolie Mie des gentils Veaux :
Ne loupez pas Whatever works de Woody !


Je vous souhaite une savoureuse fin d'année 2009 !

Ma chère, tes poussins me donnent envie de dîner !

(Joël Martin, la Bible du contrepet, Points)

1 commentaire:

  1. La bonne guerre est en marche, pas de souci : celle de l'énergie. Une gestion d'EPR tranquille. Ca va pas alléger la facture, surtout avec la vente forcée d'AREVA T&D. Enfin, pas encore de coupure d'électricité cet hiver : souriez !

    Pour la peinture, il m'a semblé que lorsque le Titien aboir, le Caravage passe.

    Année recouverte de bonus en tous cas - ma contribution en l'honneur de Joel Martin.

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