09 août 2018

Nous n'irons peut-être plus à Avignon. Peut-être.*






La première fois que je suis allé à Avignon, c'était en 1972. Vous étiez à peine nés. Quand nous y jouâmes la première fois, l'année suivante, je crois me souvenir que dans le festival "Off" il y avait… 70 spectacles. Cette année, il y en avait 1538 ! En 1983, j'ai dessiné la première affiche de l'association Avignon-festival-off. Et puis voilà, j'y suis retourné souvent : il y a du soleil, une pétillante jeunesse dans les rues et des spectacles pointus. Ou pas.



Première affiche du Off. Un peu "premier degré", je le reconnais.
Et puis l'imprimeur maladroit avait "écrasé" l'ombre des objets sous le fond, le scélérat !

Cette année, petit coup de fatigue. La chaleur, la cohue, et une thématique monomaniaque dans le In un peu gavante. J'ai beaucoup de sympathie et même d'empathie pour la "transidentité", le transgenre et toutes les transes qu'on veut, avec souffrances induites, mais j'avoue que le traitement médiatique (et artistique) de cette problématique qui ne représente au bas mot que 0,3 à 0,5 % de l'humanité me fatigue un tantinet. D'autant que les spectacles (touchants) qui en causent se contentent le plus souvent d'un traitement émotionnel et compassionnel qui fait peu de place au recul et à l'analyse ! Olivier Py, créateur pléthorique et éminent directeur du Festival depuis 2014, se revendique dans les gazettes comme homo et catho. En 2018, il a fait une OPA avec la question du Genre, très en vogue. Nous aurons donc probablement une édition 2019 sur les Curés ; vivement l'année prochaine !

Cette année, j'ai réussi à voir trois spectacles de la programmation officielle. Pas grâce au site de réservation, bloqué dès les premières minutes après l'ouverture ! (Eh oui, si t'es pas Premier de cordée ou que t'as pas une copine journaliste, faut s'accrocher !) Tiens, d'ailleurs, on se macronise, chez Festival d'Avignon : à l'Opéra-Confluence, pour le spectacle de Sasha Waltz (qui fut grande et qu'on a connue plus inspirée), on pouvait voir une corbeille spéciale VIP (Vieilles Pies) aux trois premiers rangs. Je devais être au 23e. J'ai un peu dormi. D'ailleurs en général, j'ai pas mal piqué du nez : le théâtre-témoignage de Didier Ruiz (TRANS, MÈS ENLLÀ) est propre sur lui et fait le service minimum : et alors ? (so what ?) Le montage de l'ami Gurshad Shaheman (IL NE POURRA PAS DIRE QUE C'EST À CAUSE DU PROPHÈTE !) est irréprochable mais très monocorde, feutré, et il fait chaud après manger. Je n'aurais pas dû manger.

Sur les douze que j'ai pu voir, IN et OFF compris, j'en retiens un à ne pas manquer s'il passe par chez vous (A Paris au Rond-Point en avril prochain). Et pourtant, les solos ne m'attirent plus guère, mais là c'est remarquable :

PLUS GRAND QUE MOI, SOLO ANATOMIQUE de Nathalie Fillion (Actes Sud), joué par une actrice formidable (petit accent qui n'en est pas un, voix perchée, énergie folle), Manon Kneusé. Argument :
"Je roule en plein ciel. J'ai le vertige. Cassandre cherche sa place dans la cité et sur la terre. Elle mesure ses intestins : huit mètres. C'est dingue."
Comment résister ?

Sinon, autres choses

Pour le vertige poétique :
UNE SAISON EN ENFER
Jean-Quentin Châtelain, dans un accoutrement impressionnant à la Balzac de Rodin, accouche et expire le texte mystique et poignant de Rimbaud. Superbe, hypnotique (mais à voir avant de manger).

Juste pour rigoler :
NIQUE SA MÈRE LA RÉINSERTION (compagnie Rascar Capac)
Le spectacle n'a rien à voir avec ce titre bidon mais c'est foutraque et déjanté comme on aime.

Juste pour frémir d'excitation :
GO GO SAID THE BIRDS (de Camille Mutel)
Ils sont nus, jeunes et beaux, ils font des trucs avec des œufs, et une prêtresse bouddhistoïde (Isabelle Duthois) souffle un chant harmonique souvent prenant. Artistiquement assez pauvre mais érotiquement puissant. Ce qui n'est pas rien.

Pour apprendre des trucs :
PROUDHON MODÈLE COURBET (de Jean Pétrement, compagnie Bacchus)
Un peu surjoué mais intelligent et efficace, dans le genre classique. Joué depuis 2009.
DE GAULLE 68, LA RÉVÉRENCE (compagnie Artscenium)
Sur la rencontre entre De Gaulle et Massu en 68. Super efficace, intelligent, exigeant, etc. 
Voilà, quoi.

Spectacle debout (stand up) :
CHATONS VIOLENTS
Il a un talent certain, ce "Ocean". Intelligent, roublard et drôle. Un peu donneur de leçons, mais on n'est pas obligé d'être d'accord avec tout.

Je reconnais : deux-trois commentaires à la va-vite sur des spectacles qui ont demandé tant de travail, c'est pas du jeu. Mais la canicule a duré vraiment longtemps, par chez moi.

Vous ai-je dit quel sera mon programme, quand je serai président ?

Quand je serai président (de la France ou même du monde),

J'ai quelques idées grandioses :

– Pour commencer, je supprime les groupes de pression (lobbying) auprès des politiques. Ça fera plus propre. 
– Je reconsidère la notion de faillite d'entreprise, qui permet à certains dirigeants de planter grave impunément salariés et fournisseurs. Je transforme donc la SARL en Société Pas Anonyme à Responsabilité Illimitée. Comme la moindre Association 1901, en somme.
– Autre idée, pour redonner un peu de vigueur à l'activité syndicale : tous les avantages acquis suite à un combat syndical ne profitent qu'à ceux qui y ont pris part. Mort de rire !
– Je réformerais bien l'héritage, mais il faudrait d'abord refondre la République (en plus, je risque fort de me fâcher avec mes copains).
– J'arrête les avions pendant une semaine : on corrige d'un degré de température le réchauffement climatique.
– Je fais couler dans leur béton les promoteurs qui bouchent le ciel autour de moi.
– Je demande aux bouchers d'essuyer leur couteau après affûtage, ça nous évitera de bouffer de la limaille.

Si vous avez d'autres idées, écrivez-moi. Premier prix : une râpe à crème fraîche.
C'est quand même pas compliqué, la politique. Seulement le jeune Macron va encore pas être d'accord.

Les noms qui me font rire
Je peux pas m'empêcher, j'ai honte :

Brigitte TROGNEUX (femme de président), Eric LEPIOUFLE (journaliste), Pio MARMAÏ (acteur), Augustin TRAPENARD (animateur trop doux), Alain GLON (dirigeant breton), Marinette PICHON (foutbôleuse), Albin DE LA SIMONE (chanteur)
La marque PURINA (leur bien-être, notre passion) qui me fait penser au purin
La voiture KONA, de chez Hyundai (prononcer younndê), qui m'interroge sur le sens des choses,
Le vin château NORIOU LALIBARDE, qui me fait penser aux noms de Groland,
le général PICHEGRU (1761-1804), et la famille de HAUTECLOQUE.
J'allais terminer sur le très loufoque Pierre-Arnaud de CHASSY-POULAY, metteur en ondes de Signé Furax, mais j'apprends que ce n'était qu'un savoureux pseudo.
Avec mon nom, je peux me permettre.

Bonne fin d'été, fidèles à Mie, n'oubliez pas de passer à Bouchot pendant les vacances, là où sont les meilleures moules.


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*Pour le titre de cette chronique, je me suis inspiré du Festival "Nous n'irons pas à Avignon" de notre ami Mustapha Aouar, Gare au Théâtre, Vitry-sur-Seine.













1 commentaire:

  1. Oh comme je le like, ton blog, mon La mie! Il mêt du miel(bio) dans notre vinaigre quotidien (de marque Monsanto), ce qui représente un vrai service à tes compatriotes en dépression larvée... Je crois que je vais arrêter de lire Mediapart
    et apprendre tes chroniques par cœur à la place! Je sais, c'est pas pareil, mais leur potion à eux est trop amère...(Je ne leur retirerai pas mon abonnement pour autant, bien sûr) Merci à toi, vomis des la ! Au fait, je suis comme toi :la disparition de l'accent circonflexe m'exaspère. Entendre parler des malles et des femelles ou de la pratique du jeune me plonge dans une rage indescriptible. Il est vrai que le vers était dans le fruit : depuis un moment déjà, tu l'auras remarqué, les lessives prétendent nettoyer les tâches...

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