21 septembre 2007

Le voisin a encore changé de voiture















Bande de feignants


Nicolas Le Petit devait vendre des aspirateurs dans une vie antérieure. Ou des encyclopédies. Comment qu'il nous embrouille pas, avec sa rhétorique imparable ?
Exemple, hier soir :

"Vous les fonctionnaires, vous êtes beaux et gentils ;
Cependant, on a du mal à payer les retraites ; alors on a demandé aux salariés du privé 40 ans de cotisation ;
Y a pas de raisons que vous n'en fassiez pas autant (les Français ne comprendraient pas !)
Mais vous êtes beaux et gentils."

Sur le même modèle, j'ai reconstitué le discours à ses amis nantis :
"Vous les riches, vous êtes beaux et gentils ;
Cependant, comme on va récupérer du pognon sur ces feignants de salariés, (sécu, retraite, 35 h),
Y a pas de raison que vous n'en profitiez pas et je vous fais un cadeau fiscal de 15 milliards ;
Je pense également qu'il serait injuste de vous taxer sur les indemnités de départ ainsi que vos stock-options (6,5 milliards selon l'estimation de la Cour des Comptes)*
Les Français ne comprendraient pas qu'on n'aide point les créateurs de richesse !
Qui sont beaux et gentils."

Pourrait-on entendre un discours d'un représentant en aspirateurs qui serait :
"La France est un pays riche et nous sommes fiers de proposer à nos concitoyens des services publics pas parfaits mais uniques au monde ; ils coûtent cher mais c'est le prix à payer pour la qualité de notre vie ; nous avons donc besoin de protéger leurs agents ;
Nous avons fait de gros progrès sur la civilisation et Dieu merci nous avons pu nous affranchir du poids du travail pour dégager du temps pour la culture et le loisir et en général le développement de notre être ;
Or, les inégalités se creusent comme jamais : trouvez-vous logique que certains gagnent beaucoup plus en travaillant moins ? Les Français ne comprendraient pas que nous n'alignions pas les privilèges sur… les plus favorisés !"

Quoi ? Vous dites que ce n'est pas possible, que tout le monde ne pourrait pas avoir accès au gâteau et qu'on courrait à la faillite ? Est-ce à dire que vous défendez l'ordre "naturel" du monde (vu par la doxa capitaliste) et qu'après tout il est normal de payer en fonction du service, par exemple ? Comme disait mon ami Jean (in "Nation-Etoile par Denfert", éditions Inédition) "En plus, nous [les riches], nous devons payer de longues études à nos enfants… Vous n'avez pas ce problème-là !" Quelqu'un réclame-t-il des routes gratuites, de nos jours, au temps des autoroutes ? Qui parle de solidarité ou d'égalité ? Vive "l'équité" (Il est normal que je me fasse des borignoles en or puisque j'investis ; il est normal que tu crèves la dalle puisque tu es né dans une cité)…

Ah qu'elle devient belle, ma France sarkosienne, avec un président qui surfe sur une opinion publique dressée à un individualisme envieux et jaloux ! Une France provinciale de petits propriétaires bilieux et égoïstes (Vous avez vu ? Le voisin a encore changé de voiture !)

Rêver de transports collectifs agréables et pas cher ; d'une éducation de bon niveau pour tous ; d'un partage des privilèges (et non de leur abolition) ; rêver de culture…

Les Français ne comprendraient pas !
______
*Voir pour une fois la chronique de J. Julliard, presque de gauche cette semaine, du N'Obs.

Autres grandes et petites humeurs :

Ali est mort
Ali est mort. Au hasard d'un zappage, il y a quelques mois, j'étais tombé sur une petite merveille de documentaire sur une chaîne câblée (Planète ?) : ALIMENTATION GÉNÉRALE, de Chantal Briet, qui avait remporté plusieurs prix, notamment en Espagne et au Portugal. On y contait l'histoire de ce petit bonhomme, Ali Zebboudj le Kabyle, un doux rêveur qui croyait encore à des valeurs dont Nicolas Le Petit ne soupçonne même pas l'existence : la fraternité, l'entr'aide, le soutien. Dans son petit commerce de la cité de la Source, à Epinay-sur-Seine, seul commerce avec la pharmacie à n'avoir pas fui, il livrait à domicile les vieilles dames, il riait avec les enfants, il accueillait les âmes en déshérence, il chantait. Moi le cynique, je pleurais devant mon poste. Il a été assassiné par un sdf alcoolique et déséquilibré.
Pour en savoir plus

Bruno Le Dref
Dans l'émission de TF2 "L'hebdo du médiateur", l'autre samedi, Bruno Le Dref, nouveau responsable du pool "Culture et société" à l'info de la chaîne, s'expliquait sur les sujets en boucle qui faisaient les titres du journal en août : Il fait beau, il pleut, y a du monde sur la route, le prix des cartables. Et ce grand journaliste a eu cette réflexion : "Un journaliste, c'est quelqu'un qui rend compte de la réalité". Non rien, c'était juste pour faire remarquer qu'on peut être un ancien du CFJ (Centre de Formation des Journalistes) et n'avoir pas beaucoup réfléchi sur certaines notions qui appelleraient de longs débats.


La RTBF est totalement ringarde
Lassé de casser ma vaisselle à chaque fois que je regarde nos infos nationales sur l'étrange lucarne, je me reporte maintenant sur Euronews ou sur la RTBF, relayée par TV5 Monde. Or la RTBF est totalement ringarde : elle donne des infos dans un ordre d'importance à peu près logique. Pire : leurs journalistes semblent à peu près savoir de quoi ils parlent ! Heureusement que la Belgique ne va bientôt plus exister, ça fait tache.

Thons secs sur les falaises de Douvres
Cet été, j'ai divorcé d'avec ma voiture. Du coup j'ai pu tester pour vous les services de la Société Nationale des Chemins de fer Français. Entre autres, j'ai expérimenté :
— Faire pipi debout en visant juste, dans un TGV qui roule à 300 km à l'heure ;
— Le TER Niort-Royan, diesel tout pourri ;
— Le TER St-Germain-les-Belles-Limoges, silencieux, moderne et confortable, et qui a la bonne idée de ralentir et de suivre trois moutons qui divaguent sur la voie ;
— Le billet en "surréservation" : vous n'êtes pas sûr de trouver une place assise, mais la Sncf encaisse quand même le prix entier de votre voyage !
— Les escalators de la gare Montparnasse : exprès pour ne pas que tu passes avec tes bagages, ils ont mis des plots en plein milieu de l'accès ! Il faudra qu'on m'explique…
— Les jolies décorations pro-rugby à la con (qui vont sûrement vite fait disparaître, car le temps vire à l'orage…)
— La signalétique kafkaïenne de la station "Bibliothèque François Mitterrand" et du RER C. Un jour, je vous ferai des photos…

Concours de contrepet : vous êtes nuls !
Ce n'est pas mon habitude de critiquer mes fidèles abonnés à La Mie, mais il faut reconnaître que cette fois, vous avez baissé pavillon grave pour le concours de contrepets. Sous prétexte que j'avais déjà tout fait, vous ne vous êtes même pas donné la peine de chercher. Je suis sûr qu'il en restait au moins deux… (non non, pas la peine de demander). Alors par défaut, j'ai conservé la seule véritable contribution à la grande avancée album-de-la-comtessienne du XXIe siècle, qui m'a été envoyée par Jean Rozen de son pseudo, et qui recevra comme prévu un ouvrage contrapétique dès que j'ai le temps d'aller à la Fnac et s'il veut bien m'envoyer son adresse. La voici :

Petit ppoème oulipien

Valais maudit
Lavé d'immos, (un comptable au dessus de tout soupçon)
Lavis d'émaux :
Malais Divo....
Malgré son vague à l'âme, Aude vit.

(Je précise que le dernier vers étant plutôt vaseux, je vais plutôt me contenter de lui prendre un Livre de Poche).

Portez-vous bien, je vous aime !

Va : mis des lots.

4 commentaires:

  1. mon dernier vers, "Malgré son vague à l'âme, Aude vit." est lun des plus beaux jamais écrits dans la littérature poetique. Tu n'y connais rien Lamy Delvaux, et c'est un gros livre, sinon rien. Pas de livre de poche, je n'en porte pas ! Quel radin, non mais.
    Jean Rozen

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  2. Comment qu'il nous embarque en empathie Justin l'épistolier avec ses postillons d'acide sur l'étrange lucarne et le nain de jardin et ses créatures qui gesticulent derrière!
    Il bataille plus pour grogner plus car il n'ignore pas que "celui qui se jette à l'eau mouille toujours sa chemise".
    Un affidé de + de 30 ans.

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  3. Bravo pour ces (im)pertinents à-propos qui relèvent le niveau de cette rentrée !
    Sab, une mie belge qui a pris les devants et s'est carapatée en France
    avant la balkanisation de son mini-pays : que va devenir Tintin après la partition de la nation et l'abdication du roi ? Voilà toute la question !

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  4. Il faudrait associer les gens qui pensent comme ça,inventer un nouveau courant et trouver des parades pour ne plus tomber dans les pièges du pouvoir. Pas facile.
    En tout cas je suis d'accord, arrêtons de penser que "ce n'est pas possible" parce qu'on a pas l'habitude d'entendre ce genre de discours. Le jour où ma grand-mère a entendu que l'homme avait marché sur la Lune, elle m'a dit : "Tu sais on peut nous raconter n'importe quoi."

    Je vais lire ce blog de temps en temps je pense :)
    Anne

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