28 mars 2008

Moi je dis ça, je dis rien !




Encore du sang ???


Et puis décidément je vais finir par me fâcher avec "Les Cahiers du cinéma". 

A peine sorti de "No Country for Old men" avec deux points d'interrogation et un point d'exclamation au-dessus de ma jolie tête blonde, je me précipite sur la critique des Cahiers pour essayer de comprendre pourquoi ce film se balade avec des étoiles partout ! Hé ! Je tombe sur un article de Vincent Malausa qui est un modèle du style dithyrambico-cinéphilo-masturbatoire, joufflu et emphatique, habile mais qui pourrait s'appliquer à n'importe quel objet, y compris un extincteur d'incendie. On dirait une plaquette pour une galerie d'art contemporain. Là où je n'ai vu, moi, qu'un énième polar westernisé sur le thème archi rebattu de l'infernale poursuite avec un tueur psychopathe très méchant, le meussieu me dit que "dans l'irradiation et le tâtonnement, No Country for Old Men avance […] vers une extinction des signes". Ou que (à propos des flous) "Recoller en aveugle à l’action, s’exposer à la part d’illisibilité et d’inefficacité de la perception, voilà qui agit comme un coup de fouet dans une oeuvre plutôt encline à s’étourdir de sa transparence et de sa netteté". Ouais : un savoir-faire incontestable de cinéastes, certes, (d'ailleurs dans la pub on sait très bien aussi manier les cadrages décalés) mais au service de quoi ? 

En l'occurrence, d'un scénario archi-banal avec le kit habituel : le tueur fou, le cave obstiné, le flic désabusé flanqué d'un assistant niaiseux, hémoglobine par litres, virilité, poussière et soleil implacable. Et de même, une fatigante complaisance à l'exposition du sang et de la violence (mais pourquoi faut-il toujours aux Etats-uniens vingt-huit morts pour qu'on ait peur ?). Vous alliez me dire que ce n'est pas l'histoire qui fait le chef-d'œuvre, et vous auriez raison. Je vous aurais répondu : encore faut-il qu'il y ait un regard, un point de vue singulier, une "transcendance" (ça y est, ça me reprend !)… 

Or là, il y a… de l'habileté. Et certes, une distribution irréprochable. Je concède encore, sous-jacente à la grosse machinerie, une sorte d'humour du "trop" (une spectatrice un peu plus loin et moi étions pliés de rire à voir les héros se sortir toujours des plus sanguinolentes situations – on pense à Indiana Jones ou à Sacré Graal !). A la fin notamment, on a même l'impression que les auteurs ont envie de se poiler un peu.

Seulement ça dure 2 h 20 et c'est moins rigolo que "Bienvenue chez les ch'tis"… Comment ça, comparer ce qui est comparable ?

Concours : si vous avez compris la dissertation de philo du flic désabusé dans la dernière séquence, écrivez-moi, vous avez gagné !


Si vous voulez connaître un avis plus rassurant et positif que le mien :


Article de Jacques Morice (Télérama)


La Vie chère


Entre deux pensées négatives, célébrons pour une fois les progrès du progrès :


PARABOLE RELATIVISTE

Quand j'étais petit, il n'y avait pas de frigo à la maison ; encore moins d'eau chaude, encore moins de salle de bains ; quand aux "cabinets", ils étaient dans l'escalier…

Quand j'étais petit, il n'y avait pas le téléphone à la maison ; à la place de la télé, il y avait un gros poste de radio sur le buffet…

Quand j'étais petit, les enfants n'avaient pas un milliard de peluches dans leur chambre ; d'ailleurs, je n'avais même pas de chambre… Et le train électrique à gros rails était probablement mon bien le plus précieux…

Et pourtant, je n'ai commencé à être malheureux que quand je suis allé au collège Arago, avec tous ces fils de bourges qui avaient le téléphone et des glaçons.

C'est vrai que le prix des pâtes a augmenté de 40 à 60 % et que c'est un scandale.


Getting on in english


Dans la série "Voyons donc où en est notre belle langue", feuilletons ensemble un hebdomadaire sérieux d'informations. Dans les pages de pub (36 % du journal), sur 35 slogans, 11 sont en anglais. La preuve :


RENAULT, constructeur tricolore, appelle son bureau de location de voitures : 

RENAULT RENT


ORANGE, propriété de France Télécom : pourquoi traduire ? 

ORANGE BUSINESS SERVICES


Au moins J.M. WESTON, marque française basée à Limoges, a-t-elle toujours joué sur la connotation "british" de ses pompes. On ne lui reprochera donc point d'appeler ses modèles : 

BLAKE, ASTON ou RACING…


NATUZZI vend des canapés italiens (uniquement dans des "Natuzzi STORES"). Il est donc naturel que leur signature reste en anglais : 

IT'S HOW YOU LIVE


VOLVO, marque suédoise au nom latin qui veut dire "Je roule", a choisi pour slogan : 

VOLVO. FOR LIFE


TISSOT. En Suisse, on parle anglais, c'est bien connu : 

MORE THAN A WATCH


Et en Allemagne, pareil : 

LUFTHANSA, THERE'S NO BETTER WAY TO FLY.


SONY, l'affaire est entendue : 

LIKE. NO. OTHER (le point entre les mots est très porté, ce printemps)


LAND ROVER, no comment : 

GO BEYOND !


FORD : FEEL THE DIFFERENCE (même pas traduit au bout d'une astérisque, cette fois)


En ADECCO, je ne sais pas ce qu'on parle. C'est une société internationale basée en Suisse. Qui dit international dit anglais bien sûr :

BETTER WORK, BETTER LIFE


Au milieu de tout ça, pleurs de joie ! UNE jolie exception dans cet insupportable faillotage :

La marque VOLKSWAGEN se démarque : DAS AUTO

Un petit rai de lumière dans ce monde vendu à l'anglais (qu'il faudra tout de même un jour songer à rebouter hors de France — et non rebooter — encore une fois : il est vrai qu'avec Sarko, on est mal barré !)


Quant à SKODA, elle n'est pas du tout à la mode et sa signature est en français : SIMPLEMENT ÉVIDENT

Ainsi que, très curieusement, MICROSOFT : VOTRE POTENTIEL, NOTRE PASSION (Vu le caractère génial de cette création, je me demande si je ne l'aurais pas préférée quand même en anglais…)

8 commentaires:

  1. Mauvaise foi :

    Et quand t'étais petit, c'était y a longtemps ? Tu as écris "je n'ai commencé à être malheureux que quand je suis allé au collège". Eut-il fallu alors ne pas aller à l'Ecole ?

    Ironie :

    à ta liste de sloganglish, tu pourrais rajouter tous les parfums devenus "Fragrances", en anglais, mais qui a l'avantage de remettre à la mode un terme pourtant bien français un peu désuet.

    Bienvenue dans un monde mondial, old man.

    RépondreSupprimer
  2. Cher JR,
    L'objet de ma "parabole relativiste" était précisément de faire remarquer que le confort matériel avait fait des progrès considérables, et que l'essentiel était le Produit National Brut en termes de perception d'une idée de son propre Bonheur, et non en termes comptables et économiques.
    A aucun moment il ne s'agit d'une pensée nostalgique ("C'était mieux avant !") et précisément, l'idée de progrès est pour moi indissolublement liée à la culture et à la conscience du monde.
    Seulement voilà : le contexte qui conduit à des réflexes consommatoires (dont je suis également victime) nous conduit à apprécier le plaisir d'être au monde à l'aune du prix des pâtes, par exemple. Un exemple : Les Barilla n°5 valent 1 € et quelques. Même si elles augmentent de 50 % (qui nous délivrera des pourcentages un jour ?), ça ne fera toujours que 50 centimes d'augmentation. Combien coûte un abonnement pour un portable ?
    Et si je suis scandalisé par l'écart entre riches et pauvres, qui s'accroît, je pense qu'être pauvre aujourd'hui en France avec le Rmi n'a rien à voir avec être pauvre dans les années 50. Et parmi les pauvres, il y avait beaucoup de travailleurs…
    Tiens, je regarderais bien le reportage sur le Bouthan enregistré l'autre soir sur France 5…

    RépondreSupprimer
  3. Il y a pourtant une explication simple (simpliste ?) à cette augmentation des prix : si je vous dit "140%" ça vous fait penser à quoi ? L'exemple vient d'en haut...

    RépondreSupprimer
  4. Je crains que, malheureusement, tu n’aies pas compris la profonde internité de cette pellicule ; il faut pourtant oser – ne devrais-je pas dire : « oser »… - parler de chef-d’œuvre – "jefe de obras", comme pourraient dire les espagnols – s’ils avaient vu – ou avaient envie de voir – le film.
    Et il est, symboliquement , de nombreux détails qui t’ont vraisemblablement (mais pourras-tu me pardonner ?), échappé :
    Tu dis : « Mais pourquoi faut-il toujours aux Etats-uniens vingt-huit morts pour qu'on ait peur ? »

    N’as-tu pas compris la symbolique du chiffre 28 ?
    C’est pourtant simple : 28‡2+8 = 10, chiffre qui est la base du système décimal, de l’ordinateur, de l’informatique, du monde de demain.
    D’aujourd’hui.
    D’après-demain.
    D’après-après demain.

    Et j’arrête, car cela t’échappe.

    D’ailleurs, à quoi bon ? Toi-même avoues ton incompétence, ton aveuglement, ta non-visualité (et je pèse mes mots ) : Vous alliez me dire que ce n'est pas l'histoire qui fait le chef-d'œuvre, et vous auriez raison. Je vous aurais répondu : encore faut-il qu'il y ait un regard, un point de vue singulier, une "transcendance" (ça y est, ça me reprend !)…

    Là, tu avoues, sans le vouloir ; tu – si j’ose dire - : à vous !

    Toute l’instructuralité t’a échappé.

    Et il était indispensable qu’un autre juge, non pas un procureur, mais un inquisiteur – et je pèse mes mots – (que dis-je, je soupèse !) fasse don de son avis, pour ne pas dire de son opinion, tant profondes sont ses convictions.



    PS : Entre nous, je n’ai pas vu le film. Il passe où ?
    PS 2 : Et peux-tu m’avoir deux places ?

    Maurice

    RépondreSupprimer
  5. Je tiens à affirmer haut et gras que le jr qui a posté le 28 mars n'a rien à voir avec moi - accessoirement je ne réponds pas de ses dettes.
    Sinon, n'ayant pas encore vu le film, je peux en parler avec objectivité, puisque je ne suis pas influencé par ses qualités et ses défauts. Je dirait donc seulement ceci : si l'histoire ne fait pas le chef-d'œuvre, ne sont-ce point les chefs-d'œuvres qui font l'Histoire ? (la Sagesse des Shampouineurs, vol. XIV)
    jrozen

    RépondreSupprimer
  6. La toile a ceci de merveilleux que même ceux qui n'ont rien à dire peuvent s'exprimer, à partir du moment où ils ont compris le mode d'emploi…

    RépondreSupprimer
  7. Tiens, à propos de l'ironie de jr dans le premier commentaire : JR découvre l'Amérique ? Alors vive la mondialisation !

    RépondreSupprimer
  8. Cher Maurice, soyons précis, le système décimal à plus à voir avec le comptage sur les doigts qu'avec l'informatique (binaire), ta puissante démonstration sur la symbolique du nombre 28 s'en trouve donc légèrement modifiée et me laisserait plutôt à penser que les états-uniens seraient des êtres ayant 16 doigts et 12 doigts de pieds. Ce qui fait un total de 28, on s'y retrouve donc, mais pas par le même chemin. CQQFD

    Signé JR

    RépondreSupprimer

A vous de jouer !
Votre commentaire sera publié après modération. Patience…