23 juin 2007

Ni chêne ni roseau



Les journalistes du Nouvel Observateur sont encore bien les seuls à croire qu'ils travaillent dans un journal de gauche.
Remarquez, c'est une question de définition : comme je le dis ici depuis un bout de temps, si tu appelles "gauche moderne" une gauche "réaliste" et "libérale", c'est-à-dire une gauche… de droite, comme le réclament à cor et à cri DSK et Jacques Julliard, pas de problème.
Si tu considères qu'il faut enfin épouser le monde, c'est-à dire se coucher devant les dynamiques en marche, et même jouer au plus malin sur l'appréciation des choses en termes purement comptables (quelle misère…)
T'es moderne. T'es de gauche, mais version moderne.
Les idées ne peuvent décidément pas lutter contre les courants dominants.

Joie ! Joie ! Pleurs de joie !
Nous avons tous baissé nos falzars au grand vent de l'Histoire !
Et aux petits zéphyrs aussi, pas moyen de faire autrement. Nous tous.

Que me reste-t-il ? Le Monde Diplo, avec des articles où on a répondu déjà à la question avant de l'avoir posée, avec Ignacio Ramonet comme attaché de presse d'Hugo Chavez, l'apprenti Castro ? La protestation pétrifiée de LO qui attend encore une révolution à l'ancienne, au lait cru moulé à la louche dans des fûts de chêne ?
Entre l'illusion de la pureté et la soumission girouettale à l'air du temps, y a-t-il un endroit où poser la raison ?
Ni chêne, ni roseau, en quelque sorte…
Je n'ai guère l'humeur légère, par ces temps. En plus, on me supprime mes émissions préférées : Arrêt sur Images, La Bande à Bonnaud et En Aparté. Pour les mêmes raisons évidemment : pas moderne (en tout cas pour celle de Schneidermann. Vous pouvez d'ailleurs encore signer la pétition en cliquant ici :)

http://arret-sur-images.heraut.eu/index.php

Alors je vais faire comme Montaigne, me retirer dans ma tour "librairie",
"où être à soi, où se faire particulièrement la cour", à moins que tel le Misanthrope, je cherche
"sur la terre un endroit écarté
Où d'être homme d'honneur on ait la liberté".

Comme ultime recours, il ne reste que Dada.

La chanson d'un dadaïste qui avait dada au cœur fatiguait trop son moteur qui avait dada au cœur (…) mangez du chocolat lavez votre cerveau dada dada buvez de l'eau. (Tristan Tzara)

Votre morose
Ami dévot.

2 commentaires:

  1. Et bon mon cher Justin, te v'la pas dans l'pétrin. Mine de rien, en bon vaurien, pourquoi ne dis tu pas qu'il te reste Dieu, enfin ?

    JR

    RépondreSupprimer
  2. Mon cher Justin, tu m'as l'air vraiment déprimé.
    Allons, courage !
    Tiens, une perspective réjouissante pour t'aider à tenir le coup :
    Plusque cinq ans et tu auras à nouveau le droit d'aller voter !
    Souris, quoi, bordel !
    Ch.

    RépondreSupprimer

A vous de jouer !
Votre commentaire sera publié après modération. Patience…