Père Ubu :
— De par ma chandelle verte, ça va-t-il finir, à la fin de la fin ?
La Maire Ubu a encore frappé !
Pour parachever son œuvre inoubliable, notre chère Anne, maire Ubu de Paris, vient de sortir son dernier édit génial : limiter la vitesse sur le boulevard périphérique à 50 km par heure. Sans délai ni concertations ! Pourquoi ? Nul ne le sait : ce qu’on sait en revanche, c’est que les voitures à touche-touche dans les bouchons polluent plus longtemps ; que les aménagements labyrinthiques invraisemblables des voies obligent depuis quelques années à des détours qui, loin de fluidifier la circulation, ne font que la compliquer et allonger les parcours ; que même avec mon pauvre scooter, pour aller du sud-est de la capitale au centre ou au nord-ouest, je suis maintenant obligé de passer par Nantes et Strasbourg !!!! Par exemple, pour venir de Gare de Lyon à chez moi (650m), je dois me farcir maintenant un détour de 2 km !
T’as qu’à prendre un vélo, pépère !
Ben oui, je le fais quand je peux, quand c’est pas les heures de cohue, quand la météo s’y prête, quand j’ai la moelle : force est de constater que les adeptes du vélocypède en ville ont aujourd’hui une moyenne d’âge de 30-40 balais, ce qui hélas n’est plus mon cas. Car si j’ai passé ma jeune vie à vélo, même en ville, et joyeusement, je constate que mes anciens coreligionnaires avec qui j’en cause trouvent aujourd’hui cette pratique à Paris très dangereuse ou à tout le moins stressante !
T’as qu’à marcher, papy !
Ben oui, bien obligé, malgré mes articulations vieillissantes, malgré la trouille des trottinettes, des vélos-cargos et autres engins silencieux, à gauche, à droite, à contresens, malgré les passants vissés sur leur téléphone, malgré les rebords dangereux (surtout ne pas rêver !)…
T’as qu’à prendre les transports en commun, l’ancêtre !
Ben oui, le bus reste jouable à certaines heures, mais le métro est bondé (et de plus en plus rare) toute la journée ! A ce propos, tiens : je suis d’accord pour encourager et faciliter la pratique des transports en commun, bon. Mais qui me dira la logique qui attribue les axes réservés à iceux aux bus ET aux taxis ? Depuis quand le taxi est-il un transport écologiquement (et socialement !) bénéfique ? Zut, j’ai dit « transport », ce qui n’est guère d’époque : je voulais dire « mobilité », vous aurez rectifié de vous-mêmes.
T’as qu’à rester chez toi ;
tu pourras méditer sur le paradoxe qui pour de louables raisons conduit à massacrer certains paysages parisiens (après une « large concertation » avec les micro-lobbies locaux, souvent fachos amateurs pour tout ce qui ne concerne pas leur inculte nombril) et laisser couler le béton partout à grandes bennes…
Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Le coin philo
(réservé aux enfants et aux raffinés)
Maintenant que la jeunesse
S’éteint au carreau bleui
Maintenant que la jeunesse
Machinale m’a trahi
Un jour en fermant les yeux je crois que j’ai enfin tout compris :
Il n’y a pas « quelque chose plutôt que rien »,
Il n’y a rien ! Puisque quand tu seras mort il n’y aura plus rien
De même qu’avant de naître il n’y avait pas grand-chose
Tu n’es pas « venu au monde »
C’est le monde qui est venu avec toi…
Alors pourquoi philosopher ?
Comme dit mon ami Mouloud : C’est la poule, qui philosophe.
(Aragon, Ferré, Leibniz et Max Jacob se cachent dans ce texte. Sauras-tu les retrouver ?)
Les Jeux z’olympiques…
(et tricolores, ou je me trompe ?)
Comme j’habite pas loin d’un lieu concerné par certaines épreuves et qu’il eût fallu que je passasse mon temps à justifier mes déplacements motorisés ;
comme je suis peu client des spectacles sportifs (à quelques exceptions près), j’ai fait comme beaucoup de Parisiens : j’ai fui !
Il paraît que ce fût génial, festif, joyeux et fluide. Heureusement que je ne ne suis pas resté : ma morgue proverbiale eût fait tache et gâché la bonne humeur générale : et je suis de plus en plus imperméable aux foules, fussent-elles enthousiastiques…
J’ai cru comprendre en revanche que seuls les Français avaient participé : chaque jour les médias comptaient les résultats pour la France en oubliant les autres nations. Pour les Jeux paralympiques c’était encore pire, dis donc. C’était les Jeux Cocardiques !… Heureusement, je constate qu’au final notre résultat n’était pas si mal en termes de médailles. Médailles, et non breloques, comme s’autorisaient à dire des journalistes finauds qui ignoraient sans doute que le terme est péjoratif et moqueur ! En argot, ça désigne même autre chose, que la pudeur m’interdit de nommer.
Justin sois positif :
Bon, j’ai trouvé le cheval lumineux sur la Seine très beau. Et même la prestation d’une certaine Céline, une vedette internationale dont j’ignore à peu près tout mais qu’a eu ben du malheur, fut émouvante. Et les deux premières chorégraphies de l’Ouverture des Para- étaient remarquables. Par contre,… Heu non, tais-toi, Justin. Ah oui : et la maréchaussée, qui a tout de même vérifié par trois fois mes justificatifs de domicile en septembre, a été étonnamment aimable et détendue ! Je n’ose croire qu’elle avait reçu des consignes, la maréchaussée, celle qui en général m’envoie valdinguer les jours de manif quand je veux rentrer chez moi.
Aïe ! Flash spécial : pendant que je disais du bien, la pandorie malfaisante m’envoyait une invitation à régler une prune de 135 € pour avoir roulé sur une avenue large et déserte à la vitesse hyper dangereuse de 46 km/h ! Je retire ce que j’ai dit.
La cause des femmes
J’ai entendu un philosophe d’internet (le « créateur de contenu » Antoine Goretti, ancien candidat de télé-réalité) sur France Culture toujours en pointe, déclarer que LES HOMMES ÉTAIENT PROBLÉMATIQUES : la cause des femmes avance, mes enfants ! Sans doute pensait-il surtout aux talibans en Iran et en Afghanistan ? Non non.
Le coin de la culture
Si vous voulez vous y retrouver dans les méandres identitaires, l’évolution de la pensée de gauche (?) des nouveaux gourous, l’appropriation culturelle et autres amuse-gueule bienséants chez nos élites et nos universités, compatir avec un anti-héros antiraciste à la mode ancienne plein de bonne volonté, comprendre l’impossibilité de dialoguer avec la nouvelle génération militante trempée dans l’amerloquisation de pointe…
Et cependant sourire à chaque page grâce à une écriture malicieuse, et fine, et intelligente, sans violence ni haine (!)
Précipitez-vous sur une pépite qu’on vient de me faire découvrir :
Le voyant d’Etampes, d’Abel Quentin, l’Observatoire
Prix de Flore 2021
Si vous ne savez pas lire et préférez un film, regardez à l’occasion cette pochade sur l’identité ethnique et ses avatars, étonnamment riche, subtile et fouillée sous des dehors légers et souriants :
Tout simplement noir
de Jean-Pascal Zadi et John Wax
sur Arte
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J’ai encore plein de réflexions géniales et précieuses pour mes fidèles abonnés. Mais je vous connais : après ça fait trop.
Je vous embrasse. Et n’oubliez pas que le meilleur camembert est au lait cru.