Encore du sang ???
Et puis décidément je vais finir par me fâcher avec "Les Cahiers du cinéma".
A peine sorti de "No Country for Old men" avec deux points d'interrogation et un point d'exclamation au-dessus de ma jolie tête blonde, je me précipite sur la critique des Cahiers pour essayer de comprendre pourquoi ce film se balade avec des étoiles partout ! Hé ! Je tombe sur un article de Vincent Malausa qui est un modèle du style dithyrambico-cinéphilo-masturbatoire, joufflu et emphatique, habile mais qui pourrait s'appliquer à n'importe quel objet, y compris un extincteur d'incendie. On dirait une plaquette pour une galerie d'art contemporain. Là où je n'ai vu, moi, qu'un énième polar westernisé sur le thème archi rebattu de l'infernale poursuite avec un tueur psychopathe très méchant, le meussieu me dit que "dans l'irradiation et le tâtonnement, No Country for Old Men avance […] vers une extinction des signes". Ou que (à propos des flous) "Recoller en aveugle à l’action, s’exposer à la part d’illisibilité et d’inefficacité de la perception, voilà qui agit comme un coup de fouet dans une oeuvre plutôt encline à s’étourdir de sa transparence et de sa netteté". Ouais : un savoir-faire incontestable de cinéastes, certes, (d'ailleurs dans la pub on sait très bien aussi manier les cadrages décalés) mais au service de quoi ?
En l'occurrence, d'un scénario archi-banal avec le kit habituel : le tueur fou, le cave obstiné, le flic désabusé flanqué d'un assistant niaiseux, hémoglobine par litres, virilité, poussière et soleil implacable. Et de même, une fatigante complaisance à l'exposition du sang et de la violence (mais pourquoi faut-il toujours aux Etats-uniens vingt-huit morts pour qu'on ait peur ?). Vous alliez me dire que ce n'est pas l'histoire qui fait le chef-d'œuvre, et vous auriez raison. Je vous aurais répondu : encore faut-il qu'il y ait un regard, un point de vue singulier, une "transcendance" (ça y est, ça me reprend !)…
Or là, il y a… de l'habileté. Et certes, une distribution irréprochable. Je concède encore, sous-jacente à la grosse machinerie, une sorte d'humour du "trop" (une spectatrice un peu plus loin et moi étions pliés de rire à voir les héros se sortir toujours des plus sanguinolentes situations – on pense à Indiana Jones ou à Sacré Graal !). A la fin notamment, on a même l'impression que les auteurs ont envie de se poiler un peu.
Seulement ça dure 2 h 20 et c'est moins rigolo que "Bienvenue chez les ch'tis"… Comment ça, comparer ce qui est comparable ?
Concours : si vous avez compris la dissertation de philo du flic désabusé dans la dernière séquence, écrivez-moi, vous avez gagné !
Si vous voulez connaître un avis plus rassurant et positif que le mien :
Article de Jacques Morice (Télérama)
La Vie chère
Entre deux pensées négatives, célébrons pour une fois les progrès du progrès :
PARABOLE RELATIVISTE
Quand j'étais petit, il n'y avait pas de frigo à la maison ; encore moins d'eau chaude, encore moins de salle de bains ; quand aux "cabinets", ils étaient dans l'escalier…
Quand j'étais petit, il n'y avait pas le téléphone à la maison ; à la place de la télé, il y avait un gros poste de radio sur le buffet…
Quand j'étais petit, les enfants n'avaient pas un milliard de peluches dans leur chambre ; d'ailleurs, je n'avais même pas de chambre… Et le train électrique à gros rails était probablement mon bien le plus précieux…
Et pourtant, je n'ai commencé à être malheureux que quand je suis allé au collège Arago, avec tous ces fils de bourges qui avaient le téléphone et des glaçons.
C'est vrai que le prix des pâtes a augmenté de 40 à 60 % et que c'est un scandale.
Getting on in english
Dans la série "Voyons donc où en est notre belle langue", feuilletons ensemble un hebdomadaire sérieux d'informations. Dans les pages de pub (36 % du journal), sur 35 slogans, 11 sont en anglais. La preuve :
RENAULT, constructeur tricolore, appelle son bureau de location de voitures :
RENAULT RENT
ORANGE, propriété de France Télécom : pourquoi traduire ?
ORANGE BUSINESS SERVICES
Au moins J.M. WESTON, marque française basée à Limoges, a-t-elle toujours joué sur la connotation "british" de ses pompes. On ne lui reprochera donc point d'appeler ses modèles :
BLAKE, ASTON ou RACING…
NATUZZI vend des canapés italiens (uniquement dans des "Natuzzi STORES"). Il est donc naturel que leur signature reste en anglais :
IT'S HOW YOU LIVE
VOLVO, marque suédoise au nom latin qui veut dire "Je roule", a choisi pour slogan :
VOLVO. FOR LIFE
TISSOT. En Suisse, on parle anglais, c'est bien connu :
MORE THAN A WATCH
Et en Allemagne, pareil :
LUFTHANSA, THERE'S NO BETTER WAY TO FLY.
SONY, l'affaire est entendue :
LIKE. NO. OTHER (le point entre les mots est très porté, ce printemps)
LAND ROVER, no comment :
GO BEYOND !
FORD : FEEL THE DIFFERENCE (même pas traduit au bout d'une astérisque, cette fois)
En ADECCO, je ne sais pas ce qu'on parle. C'est une société internationale basée en Suisse. Qui dit international dit anglais bien sûr :
BETTER WORK, BETTER LIFE
Au milieu de tout ça, pleurs de joie ! UNE jolie exception dans cet insupportable faillotage :
La marque VOLKSWAGEN se démarque : DAS AUTO.
Un petit rai de lumière dans ce monde vendu à l'anglais (qu'il faudra tout de même un jour songer à rebouter hors de France — et non rebooter — encore une fois : il est vrai qu'avec Sarko, on est mal barré !)
Quant à SKODA, elle n'est pas du tout à la mode et sa signature est en français : SIMPLEMENT ÉVIDENT
Ainsi que, très curieusement, MICROSOFT : VOTRE POTENTIEL, NOTRE PASSION (Vu le caractère génial de cette création, je me demande si je ne l'aurais pas préférée quand même en anglais…)