Ce gouvernement a, sur la question de la culture, des pudeurs de jeune vierge. Dans son avant-dernière allocution, notre cher Président (que le dieu des Affaires l’ait en sa sainte garde !) évoquant l’Education nationale, je l’ai entendu causer de français, de mathématiques, de sport, mais d’histoire, de littérature, de beaux-arts, de musique, point. Petit oubli sans importance ; car je suis là pour rattraper le morcif. Car un peu de culture ne messied point.
Zao Wu Ki au M.A.M |
Littéra-courte
Il y a quelque mois déjà, j’ai voulu m’attaquer à une béance maousse de ma culture : je n’avais jamais lu Les Misérables dans le texte.
J’achète donc un « petit classique Larousse » intitulé « Les Misérables ». Cinq tomes en 448 pages, me dis-je, ça doit être écrit tout petit : ils sont forts, chez Larousse.
Et c’est ainsi que je découvris un procédé que je m’en veux de n’avoir pas découvert depuis longtemps : le résumé, le digest comme on dit en Amerloquie ! Les Misérables au citrate de bétaïne, en quelque sorte ! C’est très bien fait, on n’a pas de sentiment de faim… En plus y a des images ! Pour en causer dans les soirées après le dernier Musso, c’est parfait ! Si j’avais su ! Expérience à recommander aux jeunes (quoique déjà, au delà de 44 pages…) !
Dès demain, j’attaque Les Thibault et la Bible. En digests, bien sûr. Ou en lecture diagonale ? Car comme disait Woody Allen : « J’ai suivi un cours de lecture rapide. J’ai lu Guerre et Paix en vingt minutes : ça parle de la Russie. »
Derain au M.A.M |
Studio Art court ?
Avez-vous remarqué que les rares émissions sur l’art à la télévision-pas-sur-internet sont reléguées à la portion congrue (j’aime cette expression sortie — le saviez-vous ? — de la jupe des curés) ? Vite ! Vite !
Moins de deux minutes pour d’Art d’Art !, remplacée ensuite par Oh ! Biz’Art sur France 2. J’espère qu’ils ont déposé à l’INPI ces calembours à la glycérine pour faire passer, impayables.
Autre jeu de mot osé chez France 5, mais pour des formats plus longs : Aux arts et cætera, dont on ne comprend guère le rapport avec Gainsbourg, mais bon. Gainsb’art ?
Après tout on s’en fout on a internet. Une mine d’art (oh, ça va !)
Mieux vaut Tàr…
Avec une amie, j’eus la tentation étrange d’aller voir Avatar 2. Las ! Au bout de 45 mn, fatigués de bruit, de fureur guerrière ainsi que de sentimentalité niaiseuse, nous quittâmes le film et nous rabattîmes sur une salle voisine où se jouait un film improbable mais au titre très raccord : Tàr, d’un certain Todd Field. Un film austère et très désarmant dans la forme sur le milieu de la musique classique, avec dans le rôle-titre une Cate Blanchett proprement impériale. Enjeux artistiques, enjeux de pouvoirs, culture woke, vrai et pseudo féminisme, rôle des réseaux sociaux, tics et tocs, gloire et déchéance d’une cheffe au Philharmonique de Berlin : passionnant ! Et même si la musique classique vous touche une oreille sans faire bouger l’autre, je vous le recommande chaleureusement !
Zao Wu Ki avec gardien endormi au M.A.M |
Le centre Pompidou…
va fermer pour cinq ans : tant mieux ! Je ne comprenais plus leurs sélection des œuvres, du moins dans l’expo permanente, depuis quelques années ! On pourra toujours se reporter au Musée d’Art moderne de l’Avenue-du-Président-Wilson, à redécouvrir, où je viens de retourner avec délice, à Guimet ou au musée Picasso !
Le couronnement du roi d’Angleterre
Pas le dernier, celui de Georges VI, en 1937 ! Henri Cartier-Bresson avait couvert l’événement, mais à sa façon, en retournant son Leica vers les spectateurs. Et c’est un régal (humour, maîtrise remarquable de la composition, comme d’hab) ! Jusqu’au 3 septembre à la Fondation Cartier-Bresson. On pourra se passer en revanche de l’autre expo, frime tendance et creuse. C’est bête parce qu’elle est sponsorisée par Hermès et que je m’habille avec Bel Ami, une de ses eaux de toilette…
LA VIE DES MOTS
Eh ! Mots et camé(e)s
Du côté des radios, on se gargarise beaucoup avec la nouvelle trouvaille géniale pour éviter l’anglicisme spoiler. J’ignore d’ailleurs pourquoi, au jour où la moindre marque (brand) ou slogan est en angliche !
On a inventé « divulgâcher », que d’aucuns considèrent comme ‘achement bien trouvé. J’en ai déjà parlé ici.
Il faut croire que la langue française (ce patois autrefois parlé par les Hexagoniens puis méthodiquement ignoré) est restée coincée au fond de poussiéreux glossaires, car il me semblait à moi que dévoiler, révéler, déflorer, éventer, découvrir eussent, chacun avec ses nuances, pu tranquillement faire l’affaire. Sans compter tout simplement divulguer, qui veut exactement dire la même chose que ce divulgâcher inutilement redondant. Je dis ça, je dis rien (justement).
Petite dissertation vite fait sur le pouce
Je me demande si la tendance actuelle à châtier le lexique sous des prétextes divers (souvent militants ou réflexes) ne procéderait point de la même ignorance des subtilités de la langue. Le celles z’et ceux en est un exemple caricatural, mais on peut y accoler droit humains pour droits de l’Homme, indigènes remplacé par locaux (qui veut dire la même chose), nègre bien sûr (malgré Senghor), etc. Quand j’étais ado, je me souviens qu’il était assez bien vu de remplacer le mot Juif par… Israélite, comme on a dit plus tard Black, pour éviter Noir (qui est revenu naturellement de lui-même). Ces précautions dénotaient d’ailleurs plus le malaise ou la suspiscion du locuteur qu’autre chose !
La langue est imprégnée de la morale du temps, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ainsi que le démontre cette ânerie d’écriture dite inclusive, pour tous ceux qui croient que changer les mots va purifier le monde ! Or, comme le rappelle la philosophe Julia de Funès (d’après la phrase attribuée à Spinoza, lis-je), ce n’est pas le mot chien qui aboie ! Tout le monde n’est pas d’accord, mais si les mots ont effectivement une influence, pourquoi ne pas commencer par apprendre ce que parler veut dire ? Et là, j’avoue que je bute sur cette bizarrerie plusieurs fois évoquée ici, qui fait que toute référence à une norme quelconque en matière de langage est maintenant suspectée, au nom du refus (compréhensible) d’un académisme figé. Du coup (comme mes professeurs de français m’auraient interdit de dire !), les dictionnaires désormais courent après l’air du temps. Résultat, on est dans le mou, la mode, l’incertain. Comment sortir de la norme s’il n’y a plus de norme ? Comment ironiser, jouer l’ambiguïté, poétiser ? Comment tout simplement être précis ?
Un exemple qui m’a fait sourire, hier dans le poste (j’adore cette expression qui a désorienté mon petit-fils l’autre jour !) j’ai ouï un journaliste qui interrogeait Guillaume Canet :
— Comment appréhendez-vous ce premier regard du public… [etc.] ?
GC : — Ce n’est pas vraiment une appréhension, c’est plutôt une impatience… [etc.]
Méprise sur une nuance du terme appréhender qui a dû passer aux oubliettes chez cet artiste, à qui on ne demande pas après tout d’être grammairien ! Et puis il était encore très tôt dans la journée…
Laurent vaut quoi ?
On n'en avait pas beaucoup entendu parler, de notre chère ministre de la culture. J'apprends qu'elle vient de dévoiler un plan de soutien de 350 millions au cinéma (studios, formation, etc.). Bravo. Faudra en parler à M. Wauquier Laurent qui, en région AURA (si si ! cette "région" si cohérente qui agglutine l'Auvergne, le Rhône et les Alpes !) taillade joyeusement dans les subventions et redistribue les sucettes au gré de ses lubies…
Soutine au M.A.M |
Rions un peu :
Qu’est-ce qu’un canif ?
Solution :
Un petit fien.