La Vie des Mots, Ce que parler veut dire… Chroniques ironiques sur l'actualité, la langue, les médias… Un blog sans métaux lourds et à Haute Qualité Environnementale…
22 décembre 2007
La théorie de la grenouille
Retour des furoncles
Je crois bien que c'est au "12e Cuir" que ça a commencé. Jusque là, j'arrivais assez bien à composer avec l'Autorité. Il faut vous dire que ma mère avait une façon assez maline de me bouffer le cerveau en douceur : j'avais l'impression que ça venait de moi. Et même, j'allais jusqu'à défendre certaines de ses positions indéfendables, en croyant que c'était moi qui m'exprimais !
Non : au 12e Régiment de Cuirassiers de Müllheim, en Forêt Noire, en Allemagne, ils n'avaient pas cette habileté… Et le stupide sadisme ordinaire des petits chefs pour nous faire marcher au pas ou nettoyer une arme m'ont vraiment appris
(1) à être un vrai homme
(2) à détester définitivement tout ce qui représente l'Autorité satisfaite d'elle-même !
(Papa ? Nous en reparlerons dans une autre chronique…)
J'ai commencé par attraper des furoncles. Mais pas de ces petits clous bénins qui durent deux jours, non, des trucs maousses, que les infirmiers de l'époque (surtout les militaires !) ne savaient soigner qu'à coups de mèches de coton et d'alcool à 90, des trucs à vous laisser des cicatrices d'1,5 cm de rayon sur la cuisse ou dans la raie des fesses. Une façon comme une autre d'échapper au "stage commando", heureusement : je serais mort, en plus, d'une crise cardiaque.
En sortant de cet enfer, qui a quand même duré 15 mois, je n'ai eu de cesse que de laisser pousser en moi (outre vite fait des cheveux et de la barbe) une irrépressible résistance à tout ce qui ressemblait à du hiérarchique. Il faut dire qu'à ce moment, nous parlions beaucoup d'autogestion (voir ce mot…).
C'est vous dire combien l'époque de pères Fouettard qui est la nôtre me fait sauter de joie.
Grand frère
On nous veut du bien.
On nous veut sveltes, sobres, sains, non fumeurs, roulant doucement, travailleurs (plus pour gagner plus). On nous veut cyclistes, on nous veut bio (?), on nous veut croissants et longévites (mais encore pour travailler).
Des coups à me faire lâcher le vélo, que je pratique depuis mon plus jeune âge. Des coups à me faire replonger grave dans la goldo sans filtre et à rouler à tombeau ouvert sur les chemins vicinaux.
On nous veut du bien.
C'est ce que je souhaite à mes fidèles abonnés pour 2008 :
Un monde plein d'interdits, plein de belles et braves lois RÉALISTES venues de Maastricht ou des Etats-Unis :
Plus de lait cru ! Des barrières autour de piscines ! Des troquets sans nicotine ! Des cafés sans caféine ! 25 km/h en ville ! Plus de glucides ! Plus de lipides ! Plus de culture (qui fait perdre du temps, ce temps marxiste inutile de reconstitution de la force de travail) ! Plus d'aléatoire ! Plus de poésie ! Pas d'excès ! Que du pas cher ! Des papes ! Des immams ! Des rabbins ! Dormez, lisez Closer et nous ferons le reste…
Seulement voilà : je me suis promené récemment au bord de la mer et qu'ai-je vu, horreur ?
J'ai vu que dans les ports de plaisance, IL N'Y AVAIT TOUJOURS PAS DE BARRIÈRE sur les bords pour empêcher nos bambins de tomber à l'eau ! Et je ne parle pas des falaises, des étangs, des fossés.
Je me suis baladé en ville et j'en ai vu dix qui fumaient dehors, au pied de leur entreprise, confortablement installés dans le froid, debout, et j'ai failli tousser et peut-être mourir (au secours, M'ame Boutin !).
J'ai entendu parler de PARENTS QUI APPORTAIENT UNE TARTE MAISON DANS UNE LIEU COLLECTIF, ce qui est strictement prohibé sans une vérification expresse des services d'hygiène, avec prélèvement d'échantillons conservés au frigo pour garantir la traçabilité…
On m'a dit qu'un animateur de sexe mâle avait un jour MIS UN PANSEMENT À UNE PETITE FILLE sans préjuger des risques éminents qu'il courait d'être dénoncé par les parents pour attouchements voire pédophilie latente…
J'ai entendu parler d'une mère qui ne CONTESTAIT POINT LA PUNITION DE SON REJETON CHÉRI donnée par un enseignant irresponsable…
Je l'avoue : à la dernière St-Sylvestre, j'ai participé à LA DÉCORATION D'UN SAPIN AVEC DE VRAIES BOUGIES QUI BRÛLENT ! Folie !
Pis : j'ai vu QUELQU'UN BRÛLER DES FEUILLES MORTES dans son jardin ! N'importe quoi !
Il ne manquerait plus qu'un FERMIER DISTRAIT DONNE OU VENDE DU LAIT DIRECTEMENT ISSU DU PIS DE SES VACHES, sans passer par le produit conservateur et le container en alu…
Je vous souhaite tous les meilleurs interdits du monde moderne.
Je vous souhaite de réserver le meilleur accueil possible à LA GRANDE INFANTILISATION généralisée !
Grenouille
Il y a une métaphore que j'aime bien, et qui me semble illustrer de façon assez pointue l'époque enthousiasmante que nous vivons :
Mettez une grenouille dans l'eau bouillante : elle se débat, prend ses pattes à son cou et s'échappe vite fait de la casserole !
Mettez-là dans l'eau froide, et chauffez doucement… elle cuira sans même s'en rendre compte.
Regardez Nicolas et son tour de passe-passe avec son top modèle de gôche (?) : tous les médias un peu sérieux se gaussent et analysent le tour du magicien avec une certaine ironie… Rendez-vous dans deux ou trois ans : trop tard ! On sera cuits ! On est déjà cuits avec la logique "libérale", comptable et incontournable bien sûr, cuits avec les "honteux privilèges" des plus modestes, cuits avec la real politic du carnet de chèques (Khadafi, ouaf !), on le sera aussi avec la pipeulisation du politique… Les journalistes les plus sérieux (si "sérieux" et "journaliste" peuvent coexister) commencent à la trouver inévitable… On n'est plus à ça près !
Bonnes fêtes, les aminches : attrapez pas trop de furoncles et bonnes couleuvres !
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Cuits cuits les petits oiseaux... c'est beau comme du Jean-Pierre Pernault !
RépondreSupprimerAmis de la poésie, bonsoir
RépondreSupprimer« J’aime les furoncles,
les crachas des vieilles,
Le jus de boutons percés,
les mollards séchés.
C’est bon, c’est gluant,
ça croque sous la dent. »
Chacun sa madeleine de Proust, non ?
Mourir en bonne santé: le rêve
RépondreSupprimermoi aussi j'en ai assez de ce tout sécuritaire mais qui ne coûte pas un sou (c'est ça le plus important)
L'un des derniers nés c'est le pet des vaches qui troue la couche d'ozone : 23 % de responsabilité mondiale.
Alors c'est décidé, je pète et je troue la couche d'ozone. Avec mes copines les vaches, on pètera en chœur et au lieu de regarder le TGV on regardera le ciel pour voir dans le trou qu'on aura fait les autres mondes et la voie lactée non UHT.
Patrick
OK...mais tu souhaiterais quoi à la place ? Ce que Ségolène voulait ? ou autre chose ? C'est facile de critiquer ?
RépondreSupprimer@de la mata jeanpaul :
RépondreSupprimer"C'est facile de critiquer"…
Est-il plus facile d'entonner les refrains tout faits, de remâcher la pensée prédigérée de la "real politic" et des modes, que de réinterroger un système qui tourne fou ?
Qu'est-ce qui fait avancer les choses ? La reproduction ou la création ?
Qu'aurais-tu dit en 1936 ou en 1945 au moment de lois sociales : que des congés payés à rien foutre ou la sécurité sociale, par exemple, c'est vraiment pas raisonnable en ces temps ou la France était plus pauvre qu'aujourd'hui ?
En art comme en sciences, en politique comme en ce que tu voudras, il me semble que c'est la contestation, la créativité, le doute et même l'utopie qui font avancer les choses…
Je ne roule pour personne (regarde les autres articles de ce blog), même si à un temps T je cherche à jouer mon rôle de citoyen en choisissant dans les urnes ce que je crois la "moins pire" des réponses. Et je me trompe aussi.
Je n'ai pas de furoncle, mais moi qui croyais avoir réglé mes problèmes face à l'autorité j'arrête pas d'être en colère????? Alors que vraiment, y'a pas d'quoi... tout le monde est d'accord pour dire que tout va bien, et que si ça va pas encore trop bien maintenant ce sera pour bientôt, parce que "tout ce que j'ai dit, je le ferai" et que si vous êtes pas content faut pas l'dire (vilain rapporteur qui savent que critiquer) des fois qu'on se souvienne que le cerveau qui nous met en action nous sert aussi à réfléchir...
RépondreSupprimerJ'ouvre bien mes oreilles et je n'entend qu'un bourdonnement sourd et lointain qui empêche de penser.
J'ouvre bien mes yeux, et ne vois que des têtes baissées.
J'ouvre bien ma bouche, et me remplis de foie gras et autre boustifaille achetée sous vide au supermarché.
J'arrive définitivement pas à trouver un truc pour me réjouir aujourd'hui.
Comme j'arrive pas à croire en dieu, pardon Dieu (avec une majuscule) j'ai essayé Zidane, mais ça a pas marché, j'ai essayé Ikéa, mais ça a pas marché (y paraît que c'est le machin en papier le plus diffusé dans le monde après la bible!!)
J'aurai bien voulu commencer 2008 la joie au coeur, mais j'arrive pas! J'vais me recoucher en rêvant que demain Ikea aura définitivement fermé ses portes.
Allez, une bonne année... et surtout une bonne santé (on vous l'demande!)
Tu dis "Qu'est-ce qui fait avancer les choses ? La reproduction ou la création ?" et par extension, le conservatisme ou l'innovation.
RépondreSupprimerNe serait-ce pas plutôt de la friction entre ces tendances contradictoires que naît le mouvement ?